I RAGAZZI DEL MASSACRO (1969)

Fernando Di Leo n’est pas n’importe qui dans le paysage cinématographique italien. Après avoir participé à l’écriture de westerns pour Sergio Leone ou Corbucci, il réalise son premier film à la même époque, 1964. Il reste confidentiel jusqu’en 1969 malgré ses Roses Rouges Pour le Führer en 68. 69 est l’année de NAKED VIOLENCE, ou la Jeunesse du Massacre, un intelligent film criminel comme il va en réaliser de nombreux dans les années 70, et tiré d’une nouvelle du même nom de Giorgio Scerbanenco. C’est violent, cru, sexuel, malade, sans pour autant verser dans l’overdose de scènes explicites, mais plutôt dans des scènes elliptiques et planantes.

Milan, fin des années 60. Une prof fait la classe aux adolescents du lumpenprolétariat. Les démons aux faces d’anges écoutent. Puis soudain, une bouteille d’absinthe, les esprits s’échauffent, les élèves deviennent lubriques et perdent le contrôle. La femme est violée puis tuée avec ce mouvement de caméra si perturbant (on n’y assiste jamais « clairement » mais au fil de flashbacks tout au long du film). Qui a apporté cette bouteille ? Qui n’a fait que regarder ? Qui a donné le coup de grâce ? C’est ce dont est chargé d’élucider le flic Lamberti, un justicier dans la ville, au sein d’une institution policière dépassée par les évènements et le tissu social de sa cité.

Interrogatoires fastidieux, humiliants (l’inspecteur leur met le cul dans une flaque d’alcool pour les rappeler à l’odeur), tension à trancher au cutter, mais personne ne cause. L’étude de caractère ne donne rien, mais donne toute sa puissance au film. Lamberti va devoir se faire plus technique et s’associer à la travailleuse sociale, Livia, pour tenter d’apprivoiser un des jeunes les plus désaxés: Carolino.

La suite se transforme en thriller urbain minimaliste, Di Leo sortira deux ans plus tard Milano Calibro 9 (et ses 2 suites L’empire du crime et Le boss), le maître en la matière. La fin, on la devine, mais pas ce final complètement déviant. I Ragazzi del Massacro est un film marquant pour l’époque, son mélange de délinquance juvénile, d’homosexualité, de drogues et de prostitution était en avance et efficace. Une critique et morale quasiment en suspend scellent définitivement ce classique. Di Leo réalisera dix ans plus tard l’étonnant Avere Vent’anni, film doucement adolescent mais toujours malsain qui tranchera avec sa filmographie plus masculine et musclée.

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    Preuuuuuuuums !