LIPSTICK (1976)

Dans la famille rape-and-revenge, je demande le mal-aimé VIOL & CHÂTIMENT. Trop consensuel ? Pas assez crade ? Trop conservateur ? Pas assez immoral ? Le film de Lamont Johnson (déjà réalisateur entre autres de The Last American Hero et de Gunfight avec Johnny Cash en face à face avec Kirk Douglas (!)) se veut un vigilante soft, à la fois féministe et anti-féministe, un petit film sur l’auto-justice qu’on ne sait finalement pas où placer.

« Composer Gordon Stuart brutally rapes a fashion model, goes to trial, gets freed, comes back and rapes her little sister. She takes revenge. »

La présentation du pitch est on ne peut plus parfaite. Gordon Stuart, joué par Chris Sarandon, bidouille une musique électronique disco-bruitiste et oprressante à mi-chemin entre un Jean-Michel Jarre dark et un Giorgio Moroder bipolaire. Cette musique possède un second niveau de lecture: « viole, saccage, déshonore » (bien avant Whitehouse!). C’est ce que Gordon ressent lorsqu’il se rend dans l’immeuble de Chris McCormick (Margaux Hemingway), mannequin hip et grande sœur de Kathy (Mariel Hemingway) à qui il donne des cours de musique. Il veut son avis sur sa musique et celle-ci reçoit un coup de fil en pleine séance audio… La frustration de Gordon monte, monte… jusqu’à éclater. Le fameux lipstick, « invitation au baiser », entre en jeu avant que Kathy ne rentre de l’école et entre dans la pièce. Drame.

C’est Anne Bancroft en avocate progressiste qui pousse Chris à poursuivre Gordon au tribunal, quitte à faire basculer sa carrière. Acquitté, le violeur sourit, les photos hot et les fantasmes de Chris ont joué contre elle, d’autant qu’elle l’avait finalement invité… Le grotesque ne tue pas. Dans un final sleazy très représentatif de la magie cinéma des années 70 (une époque où les models inatteignables étaient particulièrement maltraitées), Mariel se retrouve perdue dans le dédale du gigantesque centre commercial de Beverly Hills alors en construction. Elle tombe évidemment sur Gordon, en pleine répétition de son spectacle son et lumière, et la force d’attraction qu’il exerce sur elle est à son paroxysme. Course, cache-cache, vitres-miroirs, musique haletante, tunnel… ah! il est là! Puis 10mn plus tard, bang, il n’est plus là.

A vous de voir. La question du viol et de la légitime défense est ici traitée avec bien plus de perfidie que dans d’autres canons du genre. Margaux Hemingway s’est suicidé en 1996, sans rapport avec le film. C’est Michel Polnareff qui a composé la B.O. sur le thème du musicien tueur, et rien que pour ça ce film vaut plus de la moyenne.

Trackbacks for this post

  1. Les films du week-end | bmoviesblog