Du crime considéré comme un des beaux-arts (1980)

Le sale mec

« Aimant assez la logique des mots, je vais essayer de m’y cantonner, espérant ne pas me faire trop de nouveaux ennemis. Je suis nanti en ce domaine.

Le cinéma intellectuel n’existe pas, n’a jamais existé, n’existera jamais.

Le cinéma n’est pas un art.

Les gens qui entrent dans une salle de cinéma s’appellent des spectateurs. Le cinéma est donc un spectacle. Un grand film est destiné à plaire à des millions de spectateurs. On ne fait pas de l’art pour autant de gens. Il faudrait, par conséquent, faire des petits films. Or, le but d’un cinéaste est de faire des grands films. Du moins quand il le peut.

LIRE LA SUITE

La Vigue !

Berlin a jamais fait rire


« cette ville a déjà bien souffert… que de trous, et de chaussées soulevées ! (…) il paraît à Hiroshima c’est beaucoup plus propre, net, tondu… le ménage des bombardements est une science aussi, elle n’était pas encore au point… (…) ce qu’était assez curieux c’est que sur chaque trottoir, tous les décombres, poutres, tuiles, cheminées, étaient amoncelés, impeccables, pas en tas n’importe comment, chaque maison avait ses débris devant sa porte, à la hauteur d’un, deux étages… et des débris numérotés !… que demain la guerre aille finir, subit… il leur faudrait pas huit jours pour remettre tout en place… Hiroshima ils ne pourraient plus, le progrès a ses mauvais côtés… là Berlin, huit jours, ils remettaient tout debout ! (…) là vous voyez un peuple s’il a l’ordre inné… (…) Paris aurait été détruit vous voyez un peu les équipes à la reconstruction !… ce qu’elles feraient des briques, poutres, gouttières !… peut-être deux, trois barricades ?… encore !… là ce triste Berlin, je voyais dabs, daronnes, dans mes prix, et même plus vioques, dans les soixante-dix, quatre-vingts… et même des aveugles… absolument au boulot… (…) pas de laisser-aller !… pluie, soleil, ou neige Berlin a jamais fait rire, personne ! un ciel que rien peut égayer, jamais… déjà à partir de Nancy, vous avez plus rien à attendre… que de plus en plus d’ennuis, sérieux, énormes labeurs, transes de tristesse, guerres de sept ans… mille ans… toujours !… regardez leurs visages !… même leurs eaux !… leur Spree… ce Styx des teutons… comme il passe, inexorable, lent… si limoneux, noir… que rien que le regarder il couperait la chique, l’envie de rire, à plusieurs peuples… on le regardait du parapet, nous là, Lili, moi, Bébert… »

Louis-Ferdinand Céline, Nord, 1960.

2017

Pauv’ tâche

« Ces titres, ces signes monétaires, expriment toute l’armature sociale de la vie d’Antoine Bloyé : à sa mort, des fiches déposées au service des pensions de la Compagnie, rue de Londres, tiendront lieu des mémoires que les hommes de son espèce n’écrivent pas : toute la substance de la vie est cachée sous ces lignes – toutes les réunions avec d’autres hommes, toute la solitude, tous les moments d’enthousiasme, de dépression, tout l’orgueil, toute l’humiliation, le travail, le loisir, la fatigue, la déception, les rencontres avec la mort, et ce qu’Antoine nomme, docilement, comme ses semblables, le Devoir, le devoir de faire son métier, le devoir d’être fidèle à sa femme, le devoir d’élever son fils, le devoir de faire marcher dans leur sillon les ouvriers, le devoir d’être du côté des maîtres, le devoir d’achever « sa tâche » avant de mourir… Mais quelle tâche ? »

Antoine Bloyé, Paul Nizan, 1933.
Légende : Il Posto, Ermanno Olmi, 1961.

UGC Illimité 9

Le moins pire de l’année :

1. Everybody Wants Some!!, Linklater.
2. The Strangers, Na Hong-jin.
3. Dernier Train Pour Busan, Yeon Sang-ho.
4. The Invitation, Karyn Kusama.
5. Belgica, Felix Van Groeningen.
6. Elle, Paul Verhoeven.
7. Irréprochable, Sébastien Marnier.
8. Green Room, Jeremy Saulnier.
9. Premier Contact, Denis Villeneuve.
10. Mauvaise Graine, Claudio Caligari.
LIRE LA SUITE

Soleil cherche futur




Célébrer la médiocrité

« Il importe de se rappeler que Wilson sortit Let’s Talk About Love à un instant charnière du journalisme musical, alors que le légendaire essai de K. Sanneh sur le « rockism », paru en 2004 dans le New York Times, était encore relativement frais. L’écrit de Sanneh fit prendre conscience d’un mouvement anti-rockism qui servait une fin précieuse : il permit aux critiques de dépasser les limites du canon, leur donna la chance de contextualiser leurs propres préférences en matière de goût et d’avouer leurs plaisirs (et déplaisirs) honteux en termes de pop, d’une manière qui coïncidait avec l’essor du « poptimism » culturel. Or, en 2013, une réaction brutale éclata contre la pop d’évasion, celle qui est vue comme plate ou fuyant la réalité – consultez par exemple la polémique lancée par Rick Moody, « I Dared Criticize Taylor Swift » (« J’ai osé critiquer Taylor Swift ») sur le site Salon.com en février 2013 et les commentaires qu’il a suscités. LIRE LA SUITE

Aaah !