Jean-Pierre Mocky: Machine à films

Il vient de sortir son XX film nommé « Le Mentor », il a encore quatre longs métrages dans ses tiroirs qu’il ne montre pas parce que ça le fait marrer, il reste prolifique dans une époque où la quantité a terrassé la qualité, il boit du lait de jument et peut tenir encore 50 ans «si son pancréas ne le lâche pas», et accessoirement, Mocky porte à merveille le nom d’une machine increvable destinée à percer les tranchées comme la bien-pensance…

Qu’est qui n’a pas encore été dit sur lui ? Marié à 13 ans, l’ex petit mac niçois devenu dragueur parisien après la case Italia a tout connu du cinéma d’après guerre. Le cinéaste à moteurs multiples doit être actuellement le type avec le plus d’amis dans le milieu ! Pas consensuel pour autant du haut de ses 80 ans, ici les «mon ami» récurrents sont vite ponctués de «cons, connards, merdes» qui font de ses interventions fleuves un réel plaisir auditif. Grande gueule aussi modeste que son grand ami Bourvil dont le portrait trône dans son escalier, le «dernier pamphlétaire du cinéma français» reçoit dans son appartement de patron (sur les quais face au Louvre) acquis à l’époque de sa fièvre immobilière. Une ère révolue.

Cette conversation a eu lieu en mai 2013 pour le n°3 de Gonzaï Magazine. (LIEN ICI)

On m’a dit que vous aviez eu cet appartement pour une bouchée de pain dans les années 80.
Ah vous savez, vous n’étiez pas né… L’immobilier c’est quelque chose dans lequel on a beaucoup travaillé. Nous aussi on a été chômeur, même s’il y en avait moins qu’aujourd’hui. Dans la profession artistique, il y a eu énormément de chômeurs, on était 5000 acteurs inscrits au syndicat, et il y en avait à peu près 300 qui travaillaient, dont moi. J’ai eu la chance de beaucoup travailler, dès mes 15 ans… Ce que j’ai fait, et que je vous conseille de faire vous-même, comme le métier artistique que j’avais choisi me laissait beaucoup de loisirs, comme tous les métiers artistiques d’ailleurs, je me suis penché sur la branche immobilière, avec des gens comme Michel Sardou, des gens comme ça, qui ne savaient pas où foutre leur argent. Finalement, ils plaçaient ça dans l’achat d’appartements, de studios… On faisait aussi ce qu’on appelait de la « vente aux chandelles », c’était des ventes aux enchères, et quand la chandelle diminuait ou s’éteignait, le dernier qui avait parlé avait l’appartement ou le bien en question. J’avais comme ami le fils d’un notaire, ce qui m’a beaucoup avantagé aussi. Il était au courant de tout ce qui se passait. L’immobilier dans les années 50-60, ça a vraiment été le paradis. C’était comme la ruée vers l’or, beaucoup de gens vendaient, allaient s’installer à la campagne, il y avait aussi des hôtels particuliers comme celui-là, qui était complètement en ruine, les toits tombaient là-haut. Au-dessus, j’ai quelques chambres de bonne, mais à l’époque il y avait juste des pigeons, ça coûtait une fortune de faire refaire les toits. Finalement, j’ai profité de tout ça pour acquérir ce petit appartement, il a l’air grand comme ça mais il fait que 110m2, c’est pas le Palais de Versailles hein.

Au prix d’un 30m2 aujourd’hui…
Au prix d’un studio à… Arras ! En fait, on avait racheté virtuellement l’ensemble de l’immeuble, on a vendu tous les étages et j’ai gardé celui-ci qui représentait en quelque sorte ma commission. On faisait beaucoup ça, même quand je suis devenu metteur en scène. Je me suis complètement arrêté il y a 30 ans, en 1980. Mais ça a été une manne pour nous. Je pense qu’aujourd’hui ça revient. Nous par exemple, on cherche un local pour un cinéma, on en a déjà un mais on veut en créer d’autres, et ben on arrive pas à le trouver. On en arrive à proposer des primes à des promeneurs. C’est à dire un mec qui se ballade dans la rue, il voit marqué « local à louer », il nous le signale et si l’affaire se fait il touche 10 000 euros. C’est pas mal. Seulement, il faut que le mec ait l’œil, qu’il fasse pas de connerie, qu’il nous signale pas une boutique à 30m2… C’est comme ça qu’on a trouvé notre premier cinéma Le Brady, que j’ai abandonné pour prendre l’Action-Écoles qui lui était un cinéma déjà connu.

Pourquoi avez-vous abandonné le Brady d’ailleurs ?
Bah c’était il y a 14 ans. On l’avait transformé grâce à l’intervention de Mme Albanel, ministre à l’époque et femme charmante, qui a été virée alors que c’était un très bon ministre, enfin bon… Elle adorait le théâtre, et elle nous avait conseillé de faire une salle de théâtre dans le Brady, comme on était dans le quartier des théâtres… Alors on a innové, on a creusé une deuxième salle, puis, vu qu’elle avait déjà des coulisses, on a transformé la grande salle en théâtre, et ça a très très bien marché. Presque mieux que le cinéma. Je suis resté directeur artistique mais le cinéma était difficile à programmer, comme c’est un quartier où les gens ont peur la nuit, ils ne vont pas à la dernière séance, enfin bon. Alors on a permuté avec l’Action-Écoles qu’on a rebaptisé le Desperado. Et voilà, maintenant on essaie de créer le Desperado n°2 mais on est dans les fouilles, on creuse on creuse comme des termites ! Si on n’arrive pas à creuser le sous-sol pour faire une autre salle, il faudra qu’on cherche autre chose. Mais c’est plus difficile aujourd’hui qu’à l’époque. Allez, je pense qu’on a assez parlé d’immobilier maintenant.

Vous êtes allé à la réouverture du Louxor ?
Non. Je trouve que c’est un gouffre. D’abord on l’a trop rénové… Moi en ce moment je fais un film sur les SDF, sur les malheureux. Quand je vois par exemple, l’exposition de mon ami Jacques Demy, tout ce qu’ils ont dépensé… Je l’ai dit à Agnès Varda, c’est bien de faire une exposition sur lui, c’était un type formidable, mais je comprends pas qu’on dépense autant d’argent pour ça. J’ai pas osé demandé le prix.

Il est plus que jamais question d’argent dans le cinéma français actuellement.
Le cinéma français aujourd’hui… je suis complètement à part, j’ai toujours été à part, mes condisciples d’ailleurs ont toujours été des gens sur la fin de leur vie. Par exemple, Orson Welles, Jacques Tati, Fellini, Verneuil, Lautner, ce sont des gens qui ont subi l’affront des âges. Quand ils ont eu 70 ans on les a pris pour des cons et on leur a fait payer leur succès, le fait qu’ils étaient exceptionnels, et ils étaient beaucoup plus forts que tous les autres. Alors moi je vais pas dire que je suis plus fort que les autres…

Plus malin peut-être.
Je me suis mis entièrement en marge, et j’ai eu comme ami tous ces gens là. J’étais jeune, j’étais comme vous, et complètement hypnotisé par Orson Welles. Je me baladais dans Paris avec lui en voiture, comme avec un copain, parce qu’il était dans la merde, il habitait dans une chambre de bonne c’est pour vous dire. Tati, j’ai été son assistant pendant longtemps, sa fille a été ma monteuse pendant 10 ans. C’était une famille de clowns extraordinaire, ils ont vendu leur maison pour faire leur premier film, ensuite ils ont été très riches, puis après ils sont redevenus très pauvres, c’est un destin exceptionnel. Quant à Fellini, après le succès mondial qu’il a eu, il est mort dans la misère morale… Et Verneuil qui a fait la carrière de Delon, et de beaucoup de gens, on l’a laissé tombé aussi, prrrttt ! Carné aussi…

Vous c’est plutôt le contraire. Tout le monde veut tourner avec Mocky.
Arrivé à votre âge, les gens choisissent une carrière de sécurité, en se disant « là j’ai 20 ans il faut qu’à 60 ans je touche ma retraite », j’ai entendu ça d’un type qui voulait rentrer dans les Postes. « Mais tu peux te faire écraser à 30 ans t’auras jamais de retraite », c’est complètement idiot ! Mais ! Il avait ce raisonnement là. Dans notre métier, ce sont des gens qui tournent le dos à ce que je fais, à des sujets originaux, particuliers, combattifs, révolutionnaires… Ils se disent « si je fais ça j’vais me péter! J’aurais jamais de pognon, de piscine, je pourrais pas baiser de filles, j’aurais pas ma Ferrari ». Alors ils choisissent, tout en étant aussi capables que moi, une ligne commerciale. Maintenant, vous avez Fabien Ontoniente qui a fait « Camping », « Les Seigneurs »… Lui-même n’est pas content de ce qu’il fait, mais il le fait parce qu’il a choisi cette voie. Avant, il y avait Jean Giraud qui faisait des « Gendarme à St Tropez ». Cette voie est dangereuse parce qu’arrivé à un certain âge, on jette le type. Il représente rien, sur le plan artistique, sur le plan hommage, sur le plan promotionnel, c’est une merde à cause des merdes qu’il a fait. Lui c’est pas une merde mais il a fait des merdes donc il est devenu une merde ! Alors à la fin de leurs vies, ils sont dans la merde, c’est le cas de le dire ! Les autres, ce qu’on appelle les auteurs, ceux qui ont choisi un autre style, qui leur appartient, dans des sujets très durs ou que d’autres ne veulent pas faire, ceux-là sont isolés. Ils vivent hein, moi je vis très bien, je gagne ma vie, mais maintenant je lis plus les critiques…

Ah bon ?
Eh bien en fait, tous les critiques sont des types qui veulent devenir réalisateurs ! Alors vous êtes critique, qu’est ce que vous allez faire, vous allez voir un film. Ce film va t-il correspondre à ce que vous avez l’intention de faire en tant que futur réalisateur. Vous êtes homosexuel, vous avez vu un film sur l’homosexualité, « ah c’est beau, c’est ce que je veux faire »… etc. Il va vous juger, au moment où il n’est pas encore metteur en scène, il est toujours journaliste, pigiste comme on dit… Faut pas oublier que les critiques ce sont des gens très pauvres. On n’imagine que c’est quelque chose de riche, ça fait « riche » critique.

Oui, il y a une forme de ‘prestige’.
Moi je connais un type qui est pigiste à CinéLive, pour faire des trucs sur un film il touche 54 euros…

Et ouais !
Ahah. S’il allait faire trois heures de ménage dans un bureau, il gagnerait plus ! Le pouvoir des critiques est devenu complètement nul. Je pourrais vous montrer des critiques que j’ai eu sur certains films, à faire rougir, c’est pas ça qui a fait marché les films. D’autres disaient « quelle connerie ce truc là »…

Et c’est ceux-là qui ont le mieux marché.
Voilà. Donc moi maintenant je respecte le critique qui a fait quelque chose. Vous prenez Jean Anouilh, Marcel Aymé, Sartre, des gens comme ça, oui. Parce qu’eux ont prouvé qu’ils étaient capables de faire quelque chose, donc ils critiquent. Mais quand on voit Michel Drucker dire « ce film est sublime »… Il vendait des saucisses dans un supermarché ! Ahah. Pour moi c’est comme s’il faisait la promotion d’une saucisse vous comprenez.

Ahah.
Alors qu’ils disent ce qu’ils veulent sur moi, j’en ai rien à foutre. Finalement, on finit par s’isoler complètement. Moi je reçois des gens comme vous mais vous voyez, j’ai plein de journaux là, deux pages dans Paris Match, quatre pages dans Le Figaro, mais ça me sert à rien ! J’ai un film en salles actuellement, y’a personne. Pourquoi il y a personne ? Parce que je ne fais pas de pub. Quand je vois un autobus rouler, avec une affiche, généralement affreuse d’ailleurs…

Elles le sont toutes !
Moi j’ai de belles affiches, je les affiche pas et eux leurs mauvaises affiches, ils les affichent. Alors ça c’est encore un autre truc… Y a un monsieur qui s’appelle Decaux, ils étaient trois frères, je les ai connu quand ils avaient votre âge. Ils se sont lancés dans une affaire exceptionnelle, ils ont fait fortune, un peu comme Bill Gates ou le petit jeune là, qui a inventé je sais plus quoi…

Mark Zuckerberg ?
Ouais ! Milliardaire à 20 ans, c’est formidable ! Y’a pas de règles. Donc, je vois passer cet autobus et je me dis que ça coûte 100 000 euros par semaine. Moi avec cette somme je fais un film. Qu’est ce que je vais aller foutre ça sur un autobus pendant 8 jours ? L’autre jour une chose m’a frappé, figurez-vous qu’il y avait un autobus sans pub ! Il avait rien au cul ! Finalement, les gens commencent à s’en apercevoir. Mon ami Gondry, qui est un de mes meilleurs amis, vient de faire « L’Écume des Jours ». Il en avait partout, 1 400 000 euros de pub. Ben le film marche pas mal mais il casse pas la baraque non plus. Ajoute ça aux 20 millions qu’a couté le film et ça fait 21,4 millions à récupérer. Je leur en souhaite hein ! Donc nous à côté on est des solitaires, on est contents que vous veniez nous voir, des grands journaux viennent nous voir, mais on est ailleurs… On travaille différemment. Prenez Godard, et Gondry, qui sont deux très bons amis, Gondry il a réussi à trouver des fonds et Godard non, et moi non. Alors Godard et moi on est aidé par notre réputation, mais le dernier film de Godard « Film-Socialisme » c’est moi qui l’ai sorti au Brady parce qu’il est resté qu’une semaine à l’affiche, il y avait personne. Il a pas fait de pub non plus. Moi je viens de sortir « Le Mentor », une association est venue, 127 personnes, ils ont applaudi, ensuite 500 personnes au festival de Belfort, après à Lyon j’ai eu aussi une salle pleine et malgré le fait que les gens étaient très contents, il y a 4 ou 5 personnes dans mon cinéma à Paris. Ça veut dire qu’on peut rien faire. On va vendre le DVD, on a une collection de DVD grâce au ciel. Mon coffret de 50 films (Mocky sème la zizanie) a été vendu en 48 heures.

Jean-Pierre Mocky part à la recherche du fameux coffret, et revient avec un polaire Quechua.

Vous êtes prêt pour le festival de Cannes ?
Alors je suis très embêté parce que le 16 je suis dans une émission où je tape sur le festival. Je les descends en flamme, l’émission s’appelle « Vermuse a pris la Bastille ». La dernière fois j’étais sur la 5, chez la petite Sublet, je passe et en sortant je croise Gilles Jacob (le président du festival) qui était en train de présenter son nouveau livre ! Moi je le supporte pas… Je vais vous dire pourquoi. En fait, Gilles Jacob, c’est un industriel. Bon, j’ai rien contre les industriels. Un jour il s’est piqué de cinéma, il a commencé à faire des critiques à l’Express, les mêmes dont je vous parlais tout à l’heure. C’était déjà la Gauche caviar, la Gauche qui boit du champagne, BHL quoi. Ce type là voit un film à moi un jour, « L’Albatros », qui traitait d’élections truquées. Là-dedans, un des deux candidats était le directeur de l’Express, Jean-Jacques Servan-Schreiber. C’était un des personnages sur lesquels je tapais, deux députés qui se battaient pour avoir une région. Alors, Gilles va voir le film, c’était un copain, il circulait dans le métier, il allait aux projections… Il me dit: « Ah c’est formidable, vous êtes le Saint-Just du cinéma français ». Ah… A l’époque on mettait les noms des critiques sur les affiches, Monsieur Untel a adoré le film. Alors on met Gilles Jacob et son Saint-Just et après l’avoir appelé, on imprime l’affiche avant que le journal paraisse. L’Express sort deux jours après, avec marqué « L’Albatros: tics et vieilles ficelles ». Ahah ! A la place du Saint-Just ! Signé Gilles Jacob.

L’enfoiré !
On se dit c’est pas possible, on l’appelle. Je le rencontre plus tard dans une projection, je lui fous une paire de claques, « tu te fous de ma gueule? ». Le problème était le suivant: quand Françoise Giroud, qui était la maîtresse de Servan Schreiber a vu le film, elle a compris que je me foutais de la gueule du directeur de l’Express, donc elle ne pouvait pas accepter que dans son journal un pigiste dise que c’était formidable, c’était se suicider. Alors elle a dit au type, « maintenant tu changes ton article et tu le signes ». Très grave, parce qu’il aurait pu dire « vous ne voulez pas de mon article faites-en un autre, je vais pas dire le contraire de ce que je pense », mais non il a signé. Depuis ce jour là ça a été la haine. Une fois, je monte les marches avec je sais plus qui, il me tend la main, huhu, je lui ai pas serré ! Tout ça pour vous dire qu’il y a mon ami de toujours, Michel Lonsdale, qui préside un festival chez les curés à Sainte-Marguerite, en rade de Cannes…

C’est ce fameux Festival du Silence où vous étiez l’année dernière ?
Justement, je n’y étais pas allé, on m’a annoncé avant ! Alors cette année, mon problème est que la télévision allemande m’a invité à Cannes pour acheter un certain nombre de mes films, hors le marché allemand je ne l’ai pas. Bien qu’Arte vienne de m’acheter « La cité de l’indicible peur » et « Le Miraculé », ils me consacrent une soirée cet été. Donc je suis obligé d’aller à Cannes alors que le 16 je vais débiner le truc. En fait je débine pas vraiment, je dis qu’il faudrait que ce festival soit le même que le Festival de Deauville que j’ai créé avec Claude Lelouch en 74, un festival pour montrer des films, mais sans prix, une exposition. A la Foire de Paris y’a pas de prix. Un type présente une salle de bain, puis une autre, on va pas dire que c’est celle là qui est mieux que les autres. On présente et au public de décider. Ce que je comprends pas c’est qu’on ait mis des prix, c’est une question de pognon. Maintenant on arrive à Cannes et c’est le jury qui est influencé, à tel point que deux présidentes du jury, Ingrid Bergman et Françoise Sagan, ont quitté leur poste en disant « c’est dégueulasse on a voulu m’imposer ça ». Par contre, Robert de Niro, que je connais bien et que j’estime, était président du festival il y a deux ans, et il a eu le culot (je me suis disputé avec lui pour ça) d’arriver sur scène et de dire « à l’unanimité nous avons donné le prix à… une connerie » (The Tree of Life de Terrence Malick). «A l’unanimité» mais je savais que lui ne l’aimait pas le film, je sais qu’il n’aime pas ce réalisateur. Alors pourquoi donner des prix ? A quoi ça sert ? En plus, s’il y a quelque chose d’horriblement con, c’est cette sélection française, généralement de 4 films, et là on rejoint le Tour de France. Pourquoi ?

Les petits pédalent pour les leaders ?
Le Tour de France il y a 120 coureurs, dont 110 qui ne seront jamais rien, qui courent pour rien. Enfin ils gagnent leur croûte, mais on ne peut pas les enlever sinon il y aurait dix personnes au Tour de France. Ils servent de figurants, les italiens les appellent les « grigari », c’est à dire des grégaires, des merdes ! Et bien au cinéma c’est pareil. Imaginons que moi je suis sélectionné par exemple, j’aurais jamais de prix. Je servirai de bouche-trou. Aujourd’hui, vous avez Desplechin machin truc qui sont là, y’en a un qui va avoir le prix, mais y’en a trois qui sont déjà condamnés à mort. Ils n’auront rien ! Il y a un autre problème, ils aiment beaucoup mettre des films qui vont faire parler du festival. Pourquoi mettre des prix quand le truc est faussé au départ ? Pourquoi trois ou quatre connards décident quel est le meilleur film ? C’est une forme de ségrégation. Il y a les forts en thème, qui travaillent d’ailleurs pour le festival. Haneke cette année il a rien fait, mais l’année prochaine il sera au festival. Il est en train de nous concocter un truc. Même moi je suis gêné de voir qu’un confrère a eu un prix pour une histoire de vieille dame qui meurt auprès de son mari, écoutez, c’est un film japonais d’il y a dix ans, faut pas me la faire à moi ! L’autre fois j’ai vu un belge qui a fait un film sur trois pauvres handicapés qui vont baiser dans un bordel. C’est d’une tristesse… Je comprends pas comment on peut faire ça. Maintenant, tout le monde fait les handicapés, avant on ne les regardait même pas. Et puis Audiard s’y met, y’en a une qui n’a pas de jambe, etc. C’est vraiment du voyeurisme. Ces films là, comme ceux sur les camps de concentration, je suis pas contre, mais à condition de verser 50% des bénéfices aux handicapés ou aux familles de déportés. Là d’accord. C’est comme le type qui avait fait un film sur les boat-people, il a gardé tout l’argent pour lui ! Le type il profite des putes, il filme les putes, après il garde le pognon, mais il est aussi pute que les putes ! On peut pas exploiter comme ça la misère humaine, c’est pas possible. Bref, moi je travaille pas pour ça, je m’en fous de tous ces cons là. C’est pour ça que ma présence à Cannes est strictement alimentaire, je ne vais rester que 48 heures.

Pas de projection donc. Vous allez toujours au cinéma voir les films qui sortent ?
Oui… Orson Welles disait une chose assez juste: « Dans ma vie je n’ai pas vu tellement de films, de peur d’être influencé ». Alors là on tombe dans les réalisateurs qui essaient d’être originaux et ce que j’appelle les réalisateurs patchwork. C’est à dire l’œuvre d’un réalisateur composée entièrement de morceaux choisis d’autres réalisateurs, eh eh eh ! Et le prototype c’est Truffaut, qui un jour me montre « Les 400 coups ». Vers la fin du film Jean-Pierre Léaud coure vers la mer avec un travelling fait sur une 2CV et François me dit: « Regarde ça, c’est Rashomon ». Un grand film japonais dont le morceau de bravoure est un samouraï qui coure vers une pièce d’eau à travers des roseaux. Il avait repris ça. Tavernier c’est pareil, il était chargé de presse. Il représentait un film, généralement américain d’ailleurs, et il le voyait 20 fois, 30 fois. Et finalement ils se sont pris la tête, ils ont vu tellement de fois les mêmes films que quand ils mettaient en scène un type, un plan classique, ils ne faisaient même plus exprès de copier, comme Tavernier qui avait piqué ce plan de Robert Wise ! Ils étaient tellement imbibés. Alors aller au cinéma oui, mais voir des films qui sont très loin de moi, des documentaires, des films sur les baleines ou je sais pas quoi, des comédies musicales par exemple.

En même temps, peu de réalisateurs sont sur votre créneau…
Il y en a pas beaucoup mais, par exemple, Richard Berry m’a téléphoné en me disant « regarde mon film ». Il y a eu ce film avec Olivier Gourmet (L’Exercice de l’Etat), on est en train de faire un film sur DSK, Abel Ferrara fait ça avec Depardieu, mais ces films-là me gonflent. Alors je ne les vois pas. On a fait un film sur Chirac…

Que vous aimeriez bien faire tourner d’ailleurs.
Oui. Et sur Hollande aussi, avec mon ami Bernard Lecoq… Ils ont fait un film sur Sarkozy. Je ne les aurais probablement pas fait comme ça, et puis c’est le genre de film politique que je ne veux pas faire.

On parlait des médias dans lesquels on vous voit pas mal depuis quelques temps, est-ce pour se donner une « caution anti-système » qu’on vous donne la parole ?
Ils parlent de moi mais ils ne m’aident pas. Ils parlent de moi, comme des handicapés d’ailleurs, mais ils s’en foutent pas mal. En fait, depuis que vous êtes né, je n’ai jamais eu une affiche dans la rue, faut le faire quand même. C’est pour ça que les gens ne connaissent pas certains de mes films. Sur le moindre petit truc y’a de la pub, « Les Profs », « Les Gamins », « Turf », sur n’importe quoi. Moi j’ai pas d’affiche depuis 20 ans, c’est ça qui est étonnant. Hier j’étais à la Foire de Paris, tout le monde me connaît. « Bonjour Mr Mocky, bravo », où est-ce qu’ils ont vu mes films ? J’en sais rien. Alors c’est un peu de l’orgueil, je suis content d’être connu malgré le fait que je n’ai pas d’affiches, ce qui prouve que les affiches ne servent à rien.

Vos films passent souvent à la Télé quand même.
Oui. Hier soir il y avait « A mort l’arbitre », l’autre soir « Le témoin », après « L’ibis rouge »… Oui ils passent. Mais je ne sais pas si les gens ont assez d’argent pour se payer Canal Satellite, c’est 29 euros par mois quand même, alors que la carte UGC n’est qu’à 20 euros.

Comment êtes-vous devenu underground ?
Ah vous connaissez cet article (paru dans Le Monde en 1999)… Alors, underground, si vous voulez, on gagne plus d’argent que les autres, pourquoi ? Parce que d’abord on en dépense pas beaucoup. Moi si je dépense 100 000 euros, je peux gagner 100 000 euros parce qu’il y a un rapport qualité/prix. Je vais avoir 80 ans et la longévité artistique c’est quelque chose de très important. J’ai commencé en 1959, ça fait donc 54 ans que je travaille et je peux continuer à travailler. D’ailleurs mon destin est très simple, les artistes veulent travailler avec moi. Là je vais peut-être faire un film avec mon vieux copain Clint Eastwood…

Oh ?
Et un autre avec Woody Allen. Malkovitch travaillait avec Raoul Ruiz mais Raoul est mort, alors il se rapproche de moi. C’est pareil avec Harvey Keitel, avec Sir Anthony Hopkins, Dustin Hoffman, tous ces gens là se rapprochent de la vieillesse. Il y a une double retraite pour l’artiste, la première à 60 ans, comme tout le monde, puis vous avez la retraite du centenaire, de 80 à 100 ans. Aujourd’hui on dit qu’il y a beaucoup de centenaires. J’ai fait de la médecine dans le temps et je peux vous dire qu’aujourd’hui, vous avez une chance de vivre jusqu’à 150-200 ans, ça paraît incroyable mais c’est vrai. Vous êtes comme une voiture avec différents organes, et vous pouvez tous les changer. Sauf un, le pancréas. En dehors de ça, si vous avez un bon pancréas, vous pouvez vivre jusqu’à 200 ans. Supposons que je vive encore 20 ans. Quelle est la joie des gens de cet âge ? Ils ont tout eu, tout connu, la Nouvelle Vague, le succès, la période désertique, le rejet… Lorsqu’on arrive à 80 ans, c’est la réunion d’artistes qui ont déjà fait leurs preuves et qui s’allient pour faire autre chose. Par exemple, pour ce film sur les SDF, j’ai déjà Belmondo, Delon et Deneuve…

Bénévolement ?
Ça, ils ne l’auraient pas fait il y a dix ans, mais là ils sentent qu’ils ont besoin de laisser une empreinte et moi c’est la même chose. Alors pourquoi pas faire un truc avec Clint Eastwood, mon ami Quentin, parce Tarantino est capable de venir travailler là-dedans. C’est un type extraordinaire, il est le parrain de mon ancien cinéma d’ailleurs, le Brady. Nous on est en dehors de tout. C’est pour ça que des gens viennent me voir avec une sorte de complexe: « Pourquoi ce mec est encore vivant et tourne toujours ? Pourquoi il mange ? Pourquoi il a une belle femme ? »…

Pourquoi il a un bel appartement ?
«Pourquoi on n’a pas fait comme lui !» C’est une sorte de récompense. En plus, pour revenir au Festival de Cannes, ce que vous ne savez pas ou savez peut-être, c’est que pour y aller il faut le demander. C’est eux qui devraient aller rechercher les artistes et non l’inverse, encore une erreur ! Si le 15 mars votre dossier n’est pas déposé, vous n’y allez pas. C’est comme tous les connards qui ont une légion d’honneur, ils l’ont demandé. Sinon on la leur donne pas. Vous me voyez moi en train de mendier « S’il vous plaît je veux la légion d’honneur » ! Alors qu’il y a une bande de cons qui arbore ça, on ne sait même pas ce qu’ils ont fait ! Quelque fois c’est leurs amis qui la demandent, ça arrive. Les prix, les médailles… Je me souviens, j’étais président du jury au Festival Fantastique de Bruxelles, et je vois Cronenberg arriver dans le hall de l’hôtel: « Ben qu’est ce que tu fais là? – Bah je viens pour mon prix ». Et bien je l’ai filé à quelqu’un d’autre, ahah ! On m’en a voulu pour ça, ils m’ont plus jamais invité. On l’avait donné à un vieux routier, Joseph Sargent, un brave type, j’avais trouvé son film avec Jane Fonda très bien. Celui de Cronenberg était pas mal non plus, mais l’autre était mieux. Non mais c’est rigolo… J’ai vu James Ivory dans un interview… Il faisait un film historique et il y avait un service de thé d’époque sur une table. Le régisseur est allé en chercher une copie. James Ivory est arrivé, il a soulevé une tasse et n’a pas vu la signature de l’original. Il a arrêté le tournage pendant trois jours pour trouver les originaux. Quel con ! Un vrai con lui alors ! D’ailleurs Kubrick, que j’ai eu la chance de connaître, le détestait. L’humilité est une vertu indispensable pour un artiste. Il y a des mecs qui ne me saluent même pas, « c’est un con lui, il travaille à 100 000 euros, pauv’ mec ! ». Ahah ! C’est les précieuses ridicules, de toute façon Molière avait bien pigé tout ça.

Vous avez des films en cours ?
J’ai 4 films là, ils sont finis, mais je les sors pas, ça me fait rire ! Il y a des gens qui veulent les voir, mais ils sortent pas. Je les ai vendu au Japon, en Amérique, parce que là-bas les types sont moins cons qu’ici. (En me tendant le dossier de presse de Hitchcock by Mocky) Ça, c’est les 38 films que j’ai tourné en un an et demi, avec 80 vedettes.

Mocky passe en revue les affiches et les destins de ses derniers films, celle de son one-man show à venir (« J’accuse »), toutes dessinées par Léo Kouper, génie de 87 ans, et « meilleur affichiste du monde ! ».

Que sont devenues « Les couilles en or », réalisé par Serge Batman ?
Ah oui, ce film porno ! Ohlala, celui-là c’est une vieille histoire. 1975. En fait c’est à cause de cet imbécile de Giscard D’Estaing qui un jour décide de libérer les films pornos, il les autorise. J’avais une fille très jeune à ce moment là, elle passe devant un cinéma et il y avait marqué « Mets-la toi dans le cul ». Elle vient et me demande « Qu’est ce que c’est papa? ». Qu’est ce que c’est que cette idée ? Moi je suis pas un moraliste mais mettez pas des affiches comme ça dans la rue, y’a des gosses. Tous les cinémas d’art et d’essai, qui projetaient nos films, ont donc pris des pornos ce qui fait qu’on n’avait plus de cinémas. Une quinzaine de salles parisiennes ont disparu comme ça. On a eu du mal à travailler et c’est pour ça qu’on s’est mis à acheter des salles. Maintenant c’est le contraire, la dernière salle porno va disparaître, le Ciné Nord, sur le Boulevard Magenta. Et Le Beverley, les deux sont en voie de disparition parce qu’il n’y a plus de spectateurs. Avec Internet et les chaînes du câble, les gens regardent les films pornos chez eux, ils vont pas aller au cinéma pour les voir. C’est la décrépitude. Donc à l’époque, quand on a vu ça, Serge Korber, moi, Just Jaeckin qui avait fait « Emmanuelle », on s’est mis à faire du porno. Sauf que moi, ça me répugnait un petit peu, j’ai fait ça par fronde, « espèce de salaud, tu nous empêches de passer nos films, eh bien on va t’en foutre un ! ». Le problème c’est que comme Just j’ai voulu faire un film très beau, plastiquement. Or les films porno il faut avoir des boutons sur le trou du cul autrement ça marche pas.

Ahah.
Parce que les gens ont des boutons dans la vie, dès qu’ils voient une belle fille galbée, sans rien, ça les fait pas bander du tout, ils ont pas l’impression que c’est leur femme, ils pourront jamais avoir une femme comme ça. Donc nous on voulait un film très beau. On cherche une interprète, et on trouve une fille d’une grande compagnie théâtrale dont je suis obligé de taire le nom. On la prend, on fait le film. Quand les gens qui vendaient du porno comme Marc Dorcel voient le film, ils disent « ah non c’est trop beau ». «Y’a pas de boutons, pas de types crades, on n’en veut pas». Le film avait coûté relativement cher, pour un film porno, on avait tourné pendant une semaine, dans des décors somptueux, à côté de Paris, avec un grand opérateur. Un film porno à l’époque ça coûtait 15 000 euros, le notre avait coûté 45 000 euros. Donc je me retrouve dans la merde avec ce film, et je me demande quoi en foutre. Les salles n’en voulaient pas non plus, « ça va faire tâche à côté des autres » etc. Le film est resté en carafe, un peu comme mes films normaux, et c’est là que le coup de bol est arrivé. La fille qui jouait le rôle principal épouse un type, le roi de la boucherie chevaline. Le type apprend qu’elle a fait ce film, vient me voir et veut m’acheter les négatifs, pour que personne ne voit sa femme dedans. 100 000 euros. On a signé un contrat draconien, il a tous les droits, le film est mort. La copie originale est dans mon coffre. Je l’ai présenté à quelques amis, en circuit privé, mais je peux pas le diffuser en public parce que je me prends un procès du tonnerre. Un jour, un type arrive et me dit « c’est pas vrai Monsieur Mocky vous n’avez pas fait ce film ! ». Mais espèce de con, pourquoi tu veux que je raconte un truc comme ça, ce film me sert à rien moi, je ne peux même pas le montrer ! Peut-être que si le type meurt je pourrai le ressortir, faut que je vois avec mon avocat, mais pas pour le moment. Voilà l’histoire.

On sait moins que vous avez aussi réalisé des clips musicaux, pour Gérard Blanchard ou Dick Rivers entre autres.
Oui, bah j’en ai fait pas mal de clips, pour des chanteurs moins connus. A un moment donné, les gens qui étaient à AB prod, ils avaient des tas de chanteurs yéyé, non pas yéyé, des rappeurs des trucs comme ça… Mais je l’ai fait dans l’anonymat, parce que j’ai fait beaucoup de films publicitaires aussi, 57 en tout. Ça m’a rapporté beaucoup d’argent ce qui m’a permis de faire de vrais films, c’était très bien payé. Maintenant ça se fait plus beaucoup. Avant, Chabrol, moi, Gainsbourg, on faisait des films… Je me rappelle du beurre tendre, le beurre qu’on met au frigidaire et qui ne durcit pas, bon ça n’a aucun intérêt. Je l’avais refilé à Tavernier parce que je voulais pas le faire. Notre travail consistait à présenter au client une dizaine de bonnes femmes, type ménagère, on leur montrait des photos d’actrices, le client choisissait, on tournait un scénario écrit par l’agence, mais on faisait rien finalement, et on touchait 20 000 euros pour deux jours. Tout le monde faisait ça, Jaeckin, Chatilliez, Patrice Leconte… Mais on ne mettait pas notre nom. Le client, ça lui servait à rien de me payer, il n’y avait même pas mon nom sur son film. J’étais une espèce de caution, « sous la présidence de: ». Quelques fois j’étais payé pour faire un montage… avec un seul plan. Y’a pas de montage ! Voilà pour la pub. J’ai fait beaucoup de film-annonces aussi, pour des confrères. Le meilleur film-annonce que j’ai fait c’est « Le Miraculé », celui-là a fait le tour du monde et m’a rapporté beaucoup. Le meilleur film-annonce, Spielberg ne l’a pas fait mais il me l’a souvent dit, c’est de ne pas montrer d’images.

L’inverse de toutes les bande-annonces actuelles.
Maintenant quand vous avez vu une annonce, vous n’avez plus envie de voir le film. En plus, vous voyez que c’est une merde, bon c’est peut être pas une merde mais tel que c’est présenté… L’autre jour, je vois le film-annonce de mon copain Arditi, que j’adore, avec Marielle. Il reçoit un coup de téléphone: « Vas à l’hôpital y’a ton père qui est en train de mourir ». Moi je vois ça, j’y vais pas ! Ça me repousse. Avec deux vieux en plus. Marielle il a dix ans de plus qu’Arditi, il peut même pas être son père, c’est idiot… Qui va aller voir ça ? Ça s’appelle « La fleur de l’âge » en plus…

Il y a des films que vous regrettez d’avoir fait ?
Non. Vous savez dans la vie il faut rien regretter, j’ai bien pesé les choses, quand je décide de faire un truc je le fais et puis c’est tout. Nous nous amusons. On prend très au sérieux notre métier mais en fait c’est un métier d’enfant. Et c’est vrai qu’un affreux jojo, mêmes chez les enfants, est toujours plus drôle qu’un con qui joue aux billes ! De toute façon, le film parfait ça n’existe pas, contrairement à ce con de James Ivory qui pense le contraire. Je me rappelle Polanski qui était en train de regarder les nuages en Bretagne pour son film « Tess ». Il y en avait un qui n’était pas assez grand pour lui… pfff, ça n’a aucun intérêt. Tout le monde s’en fout qu’il y ait un nuage plus grand qu’un autre. Mais les gens restent fixés sur des détails…

LE SITE DE JEAN-PIERRE MOCKY
INTERVIEW DE LEO KOUPER, AFFICHISTE

Légendes:
1/ La Tête Contre les Murs, 1958.
2/ Les Dragueurs, 1959.
3/ Le Desperado, Paris 5e.
4/ Snobs!, 1961.
5/ Un Drôle de Paroissien, 1963.
6/ La Grande Lessive, 1967.
7/ Solo, 1970.
8/ L’Albatros, 1971.
9/ Mocky sème la zizanie, coffret DVD, 2012.
10/ Un Linceul n’a pas de Poches, 1974.
11/ Le Piège à Cons, 1979.
12/ Litan, 1982.
13/ À Mort l’Arbitre!, 1983.
14/ Le Miraculé, 1987.
15/ Agent Trouble, 1987.
16/ Les Saisons du Plaisir, 1988.
17/ Une Nuit à l’Assemblée Nationale, 1988.
18/ Ville à Vendre, 1991.
19/ Bonsoir, 1994.
20/ Les Insomniaques, 2011.
21/ Le Mentor, 2012.

1 Commentaire

  1. gfdgfd

    machine a films de merde