« Ces titres, ces signes monétaires, expriment toute l’armature sociale de la vie d’Antoine Bloyé : à sa mort, des fiches déposées au service des pensions de la Compagnie, rue de Londres, tiendront lieu des mémoires que les hommes de son espèce n’écrivent pas : toute la substance de la vie est cachée sous ces lignes – toutes les réunions avec d’autres hommes, toute la solitude, tous les moments d’enthousiasme, de dépression, tout l’orgueil, toute l’humiliation, le travail, le loisir, la fatigue, la déception, les rencontres avec la mort, et ce qu’Antoine nomme, docilement, comme ses semblables, le Devoir, le devoir de faire son métier, le devoir d’être fidèle à sa femme, le devoir d’élever son fils, le devoir de faire marcher dans leur sillon les ouvriers, le devoir d’être du côté des maîtres, le devoir d’achever « sa tâche » avant de mourir… Mais quelle tâche ? »
Antoine Bloyé, Paul Nizan, 1933.
Légende : Il Posto, Ermanno Olmi, 1961.
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