Decimation Blvd.

n°20

Une revue à dépouiller, et Un Homme à abattre !

La subversion, pour quoi faire ?

« Cette interprétation à deux vitesses surgit partout pour la musique sentimentale: l’excès, le fait de suivre une recette, d’être bi-dimensionnel, peuvent tous représenter des points positifs pour une musique qui n’est pas douce et conciliante, mais furieuse et rebelle. On pourrait dire que le punk est le schmaltz de la colère – notion renforcée par la facilité avec laquelle, avec le punk « emo », elle est réadaptée pour exprimer des angoisses personnelles. Le punk, le metal, même le rock à vocation de justice sociale tels que U2 ou Rage Against The Machine, avec leurs slogans emphatiques sur l’individualité et l’indépendance, sont aussi « stimulants » ou « motivants » que la musique de Céline Dion, mais visent des sous-groupes culturels différents. En tout cas, ils sont tout aussi partiaux et mal dégrossis. LIRE LA SUITE

Athènes, 2016 après J.-C.

Athènes : 660 000 habitants, 3 millions dans son agglomération, berceau de la civilisation, plus ancienne ville du monde, capitale de la Grèce depuis 1822, en crise depuis 2009, température moyenne en août de 33°, quoi d’autre ?

Backgammon : Leur pétanque. En salle ou en rue. Mais vous passerez à autre chose avant d’avoir assimiler les règles. Prévoyez du temps. A la plage, rien à voir, les Grecs pratiquent un beach ball ultra agressif avec des raquettes carrées. Le but du jeu étant de frapper le plus fort possible sur l’adversaire sous un bruit de balle assourdissant. Certainement des restes de la guerre de Troie. (Photo : une touriste dépitée après avoir lu les règles du backgammon) LIRE LA SUITE

Un monde sans joie

« Tous les mouvements concertés de l’industrie et des fleuves, des voies ferrées et des grandes lignes maritimes achevaient d’arracher Antoine au sillon terrien où il avait germé, et d’où il avait été ébranlé avant l’âge. Il se sentait pauvre, il connaissait de bonne heure cette ambition douloureuse des fils d’ouvriers qui voient s’entrouvrir devant eux les portes d’une nouvelle vie. Comment se refuseraient-ils à abandonner le monde sans joie où leurs pères n’ont pas eu leur content de respiration, de nourriture, le content de leur loisir, de leurs amours, de leur sécurité ? Le malheur c’est qu’ils oublieront ce monde promptement et se feront les ennemis de leurs pères. Antoine n’imaginait plus à quinze ans que son avenir pût se dérouler ailleurs que dans les régions où résonnent les plaques de tôle, où l’on rive, où l’on frappe, où les sirènes à vapeur mettent le ciel en lambeaux, et où grandissent les hauts squelettes des chantiers. Il s’y voyait naïvement sous la figure d’un chef. L’indifférence, la passivité paysannes qu’il avait d’abord absorbées par tous les pores sous les arbres, au pied des collines usées du Finistère, s’évanouissaient à chaque mise en marche de moteur, à chaque départ de bateau, à chaque démarrage de train. »

Antoine Bloyé, Paul Nizan, 1933.
Légende : La Bête humaine, Jean Renoir, 1938.

La soif de l’or

Playlist #46 : Summertime ’05

01 – COLD WORLD – Can it be so simple ’05
02 – JUSTICE – Elephant skin
03 – MENTAL – Future waves
04 – IRON BOOTS – Weight of the world
05 – TARPIT – Pop USA
06 – DOWN TO NOTHING – Us v. each other
07 – GUNS UP! – All in
08 – BITTER END – World demise
09 – ICEPICK – Moment of truth
10 – IRON AGE – Comin’ down
11 – I-REJECT – Destination unknown
12 – RESTLESS YOUTH – Suffocate
13 – BONES BRIGADE- Endless bummer
14 – INTERNAL AFFAIRS – Imposter
15 – KNOW THE SCORE – Ex-members of I don’t give a fuck
16 – LIKE IT OR NOT – The fuck outta here
17 – BLACKLISTED – Wolves at my door
18 – ZERO MENTALITY – Too late
19 – RISE AND FALL – The void
20 – HUMAN DEMISE – You sicken me
21 – PC DEATHSQUAD – Fuck yourself
22 – MORE TO PRIDE – Jack move
23 – CEREMONY – Throwing bricks
24 – DEAD STOP – In hell
25 – DIRECT CONTROL – Direct control
26 – RIFF RAFF – Cold stare
27 – 86 MENTALITY – Scumbag
28 – SLUMLORDS – Drunk at the YOT reunion
29 – THE MONGOLOIDS – Intro-Snake
30 – SHIPWRECK – Saved by the bell

In memory of MoshGirl

Haïr plus longtemps

« Ils étaient dans le fond – les hommes et les éléments de la nature – des choses placées dans un même espace, mais qui ne partageaient pas un seul instant historique. La nature, d’ailleurs, n’avais pas d’histoire, tout se répétait : les éléments concrets du paysage n’avaient pas encore inventé la roue, tandis que les hommes, eux, avaient fabriqué depuis longtemps des avions de chasse. De fait, l’histoire de la nature en était au point zéro, elle n’avait pas encore démarré, le deuxième jour ne s’était pas encore levé, elle en était toujours au premier matin : la nature n’a pas encore inventé le feu avait coutume de dire Lenz, reprenant à son compte une idée de son père, Frederich Buchmann. LIRE LA SUITE

ELEPHANT (1989)

Jacques Rouffio : Du sucre sur le dos

Après que le Rideau de Fer soit tombé, les rideaux des cinémas ne se sont plus jamais rouverts pour les films de Jacques Rouffio. L’Orchestre Rouge est son dernier long-métrage sorti en salles, il y a 27 ans, dénonciation du nazisme et du bolchevisme adaptée de Gilles Perault et préfigurant la chute de l’empire soviétique. Il ne tournera ensuite que pour la télévision des adaptations de romans, un cycle entamé en 1988 avec L’Argent de Zola, Le Roman de Charles Pathé en 1995 ou plus récemment Maupassant pour la 2. Alors, pourquoi Rouffio ne tournait plus ? Il aura fallu attendre fin 2012 pour qu’un festival de cinéma lui rende enfin hommage, les Feux Croisés dans le Finistère. Il était temps, Rouffio nous a quitté le 8 juillet dernier, après une longue convalescence dans le 13ème arrondissement de Paris. Rouffio n’a pas été qu’un témoin de la carrière de Romy Schneider (il apparaît dans 3 documentaires sur elle) qu’il dirigea dans le dernier film de l’actrice La Passante du Sans-Soucis (adaptation de Joseph Kessel). Quoiqu’en pense la critique et Première, je cite: « Les films qu’il a tournés après 1975 l’ont remis à sa juste place: celle d’un artisan à la main parfois lourde », sa main lourde aurait très bien pu tomber à nouveau sur quelques têtes molles ! Ses quelques films virulents et visionnaires, à l’instar d’un Yves Boisset, raisonnent encore dans le monde d’aujourd’hui. Et plus particulièrement sa triplette des années 70, ère de la comédie cinglante, composée de Sept Morts sur Ordonnance, Violette & François et Le Sucre. LIRE LA SUITE