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Killed by Ankou

Salut Ernest Hello

Portrait du grand écrivain oublié, à lire ici.

La Légende de la Mort

PRATIQUES DE DIVINATION POUR SAVOIR QUAND ON MOURRA

« Dans la région de Saint-Jean-Trolimon (pays de Cap-Caval), il était naguère d’usage, au commencement de chaque année, de couper et de beurrer autant de tartines de pain qu’il y avait de personnes dans la maison. Le chef de famille prenait ces tartines et les lançait en l’air successivement en disant à mesure :
– Celle-ci pour un tel… Celle-ci pour tel autre…
Et, ainsi de suite, jusqu’à ce qu’il eût nommé tout le monde, sans s’oublier lui-même. Chacun, alors, se baissait pour ramasser sa tartine. Malheur à qui trouvait la sienne renversée sur le côté beurré : il était sûr de mourir dans l’année. »
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Un monde sans joie

« Tous les mouvements concertés de l’industrie et des fleuves, des voies ferrées et des grandes lignes maritimes achevaient d’arracher Antoine au sillon terrien où il avait germé, et d’où il avait été ébranlé avant l’âge. Il se sentait pauvre, il connaissait de bonne heure cette ambition douloureuse des fils d’ouvriers qui voient s’entrouvrir devant eux les portes d’une nouvelle vie. Comment se refuseraient-ils à abandonner le monde sans joie où leurs pères n’ont pas eu leur content de respiration, de nourriture, le content de leur loisir, de leurs amours, de leur sécurité ? Le malheur c’est qu’ils oublieront ce monde promptement et se feront les ennemis de leurs pères. Antoine n’imaginait plus à quinze ans que son avenir pût se dérouler ailleurs que dans les régions où résonnent les plaques de tôle, où l’on rive, où l’on frappe, où les sirènes à vapeur mettent le ciel en lambeaux, et où grandissent les hauts squelettes des chantiers. Il s’y voyait naïvement sous la figure d’un chef. L’indifférence, la passivité paysannes qu’il avait d’abord absorbées par tous les pores sous les arbres, au pied des collines usées du Finistère, s’évanouissaient à chaque mise en marche de moteur, à chaque départ de bateau, à chaque démarrage de train. »

Antoine Bloyé, Paul Nizan, 1933.
Légende : La Bête humaine, Jean Renoir, 1938.

Comment peut-on être Breton?

INTERDIT DE CRACHER PAR TERRE ET DE PARLER BRETON

« Étrange ensevelissement d’un peuple, si proche de Paris et pourtant condamné à vivre en retrait ou, pour mieux dire, en secret ! Passé le niveau des bourgeois et des fonctionnaires, on ne sait rien, en plein XIXe siècle, de ces populations cornouaillaises, trégoroises, vannetaises, qui constituent pourtant une société avec sa langue, ses moeurs, ses traditions. Les rares ouvrages qui la décrivent nous montrent une ethnie clanique totalement coupée de la France, contrainte de s’exprimer par des media antérieurs, de projeter, faute de livres, ses signes sur des objets ou des images. Le costume, par exemple – ce costume « pittoresque » que les guides touristiques prétendent venu du fond des âges ». Rien de plus faux que cette ancienneté supposée LIRE LA SUITE