Killed by Denmark

ICEAGE – You’re nothing
(Escho/Matador)

Il est bien ce nom d’album. « Tu n’es rien ». Ces 2 dernières années passées sous les spotlights du www auront enseigné à Iceage une aversion encore plus légitime pour ceux qui mettront une note à ce disque. Entre temps, ils se sont même mis à dresser le faucon, car comme le petit Kes ils appartiennent à la génération qui n’écoute personne. Bon, deuxième album oblige, la surprise est moins présente que sur « New brigade« , évidemment. Le titre phare, Ecstacy, ressemble à un Bowie dégagé de Hedi Slimane, sous la pression de la sono de Bad Brains en 1978. Par moment, sur Coalition, le chanteur se sent comme sur des roulettes et se croit dans un groupe de punk melo, ça donne des intonations bizarres sur un punk nordique moins post, moins noisy et chaotique. Plus clair, plus pop (sick)? L’interlude dark ambient ajoute un peu d’intellect au disque. Les chansons sont toujours écrites bourrés et c’est ça qui fait le charme de ce groupe. Burning hand, ressemble à Rites of Spring et à de l’emo américain des années 80, tandis qu’ils chouinent comme un Robert Smith lo-fi sur Morals, un véritable jukebox. La voix est bien en avant et bien blasée et c’est bien. Après le gentil Wounded hearts, le chaos de It might it first revient mettre la jeunesse sur le vrai chemin. Pour info, Rodfaestet veut dire enraciné, c’est un ouvrage classique de Jakob Knudsen, pasteur et écrivain danois, et c’est aussi un morceau dans la langue du pays. New brigade finissait par You’re blessed et You’re nothing se conclut par You’re nothing. On n’est rien. Stéphane Hessel et Daniel Darc ne viendront pas dire le contraire.

ICEAGE – Everything drifts [audio: 07-iceage-everything-drifts.mp3]

LOWER – Walk on heads (Escho/Blind Prophet)

Oui, Copenhague compte un bon paquet de petits groupes d’indignados. Il n’y a qu’à feuilleter les catalogues de Posh Isolation, Nordisk Klub ou Dokumentarisk Agenda pour s’en rendre compte. Côté fashion, les mecs arborent les mêmes sweats Fruit of the Loom que leurs potes nihilistes et des jeans sans coupe. Je suis certain que leurs chemises sont elles aussi sans marque. C’est une déclaration de guerre. Musicalement, le groupe n’a rien à voir avec Stormcore, ni avec le headwalking d’ailleurs. On pourrait dire que c’est un remplaçant fidèle d’Iceage, au cas où celui-ci serait malade ou déciderait de reprendre des études de runologie. Reste à voir si Lower résiste aux lavages et passe deux saisons, n’est pas Gildan qui veut.



NO FUTURE – Jämtländska Mord (Bolvärk Kassetter)

Tout le monde sort des cassettes au Danemark, et elles ne sont pas évidentes à entendre sur cette gigantesque toile d’araignée que l’on appelle la Sitosphère. Ah, je viens de me rendre compte que ce groupe qui partage les mêmes aspirations que nos précédents poulains vient en réalité de Suède, ce qui casse le rythme instauré par cette chronique. De toute façon, il n’y avait qu’une piste à sauver sur cette k7, Splendour of my hometown.

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