Anarcho-Chrétien !

« Il est impératif d’enrayer ce mouvement programmé pour tuer la démocratie et le plaisir de vivre ensemble. Notre capacité à l’insolence doit être maintenue en vie. C’est pourquoi, par fidélité à Pasolini, je me définis par intuition comme anarcho-chrétien. J’ai trouvé récemment que l’assemblage de ces deux termes formait un couple assez réussi d’un point de vue identitaire. La part libertaire est plus ancienne que l’autre composante du tandem. A 60 ans, j’ai décidé par esthétisme de devenir chrétien et d’épouser officiellement la maîtresse que j’entretenais avec affection, l’anarchie. Je me suis fatigué des gauchistes un peu attardés et trouve que la revendication n’est plus audible et ne veut rien défendre des valeurs léguées par l’histoire. Nourrir la pensée d’une mémoire libertaire me semble le minimum alcoolique à pratiquer tous les jours. Il est difficile de faire autrement.

Cela dit, je ne suis pas dupe de ce joujou idéologique. En France, ce n’est pas payer un prix très élevé que de s’afficher libertaire. La France est un pays tranquille comparé aux verdoyants pâturages de la Corée du Nord. Se déclarer libertaire en Syrie est une autre paire de manches, susceptible de vous tailler un costume pour l’éternité. Dans une démocratie mise en œuvre sous les auspices des droits de l’homme, à la française, où les libertés ne sons pas encore amputées à la machette ou dégommées à la kalachnikov, les libertaires sont des enfants gâtés. Du coup, la chrétienté m’est apparue un parti tout à fait convenable pour un mariage mixte. Je suis alors devenu un anarcho-chrétien d’opérette. »

L’architecture est un sport de combat, Rudy Ricciotti, 2013. (Editions Textuel)
Légende: Le jugement dernier, Hans Memling, 1471.

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