« La liberté de faire l’histoire dont se targue l’homme moderne est illusoire pour la quasi-totalité du genre humain. Il lui reste tout au plus la liberté de choisir entre deux possibilités: 1° s’opposer à l’histoire que fait la toute petite minorité (et, dans ce cas, il a la liberté de choisir entre le suicide et la déportation); 2° se réfugier dans une existence sous-humaine ou dans l’évasion.
La liberté qu’implique l’existence « historique » a pu être possible – et encore dans certaines limites – au début de l’époque moderne, mais elle tend à devenir inaccessible à mesure que cette époque devient plus « historique », nous voulons dire plus étrangère à tout modèle transhistorique. D’une manière naturelle, le marxisme et le fascisme, par exemple, doivent aboutir à la constitution de deux types d’existence historique: celle du chef (le seul vraiment « libre ») et celle des adhérents qui découvrent dans l’existence historique du chef non un archétype de leur propre existence, mais le législateur des gestes qui leur sont provisoirement permis. Ainsi pour l’homme traditionnel, l’homme moderne n’offre le type ni d’un être libre, ni d’un créateur d’histoire. »
Le mythe de l’éternel retour, Mircea Eliade, 1949.
Légende: Cronos, Guillermo Del Toro, 1993.
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