« Il y a les « crisards », les faiblards, qui sont toujours en quête d’un point ferme et qui se jettent sur la première idée venue qui leur semble pouvoir incarner un idéal, et ils s’en nourrissent tant que dure l’effort pour s’en emparer. Quand ils sont au bout de leur effort, et qu’ils s’aperçoivent (mais c’est là, au fond, l’effet de leur faiblesse intellectuelle, et de leur manque de finesse) qu’elle ne suffit pas à tout, et qu’il y a des problèmes dont la solution (si jamais elle existe) se trouve en dehors de cette idéologie (mais peut-être se trouve-t-elle articulée à elle sur un plan supérieur), ils se jettent sur quelque chose d’autre qui peut leur apparaître comme une vérité, qui représente encore une inconnue et qui offre donc de nouvelles chances de satisfaction.
Les hommes cherchent toujours à l’extérieur d’eux-mêmes la raison de leurs échecs spirituels; ils ne veulent jamais se convaincre que la cause en est toujours et uniquement leur faiblardise, leur manque de caractère et d’intelligence. Il existe un dilettantisme de la foi comme il y a un dilettantisme du savoir. Et cela dans la meilleure des hypothèses. Pour la plupart, la crise de conscience n’est jamais qu’une lettre de change périmée ou le désir d’ouvrir un compte courant. »
Pourquoi je hais l’indifférence, Antonio Gramsci, 1917/2012. (Editions Rivages)
Légende: Il Conformista, Bernardo Bertolucci, 1970.
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