« On était dans les sixties, la bonne période des western. Je portais tout le temps un chapeau de cow-boy, des flingues, et mon père montait à cheval. Il faisait aussi du rodéo. Mais je tiens à préciser que même si j’étais toujours déguisé en cow-boy, dans mes jeux, à la fin, les Indiens gagnaient toujours. J’étais avec eux. Quand je regardais un western, je n’arrêtais pas de dire « Fuck them, fuck them », en supportant les Indiens pour qu’ils se fassent du cow-boy. D’ailleurs on me dit souvent que je suis le premier Américain à avoir gagné le Tour, mais je peux vous dire que je suis surtout le premier et le seul « Native American » à avoir gagné le Tour. J’ai 18 % de sang indien. J’ai fait un test génétique pour le savoir. Mon arrière-grand-père était marié à une Indienne-Américaine. A mon époque, être indien, c’était pas trop à la mode. Tout le monde les prenait pour des sauvages. Donc on ne parlait pas trop de ces racines indiennes. Et puis dans les eighties, c’est devenu OK. »
« J’avais entendu parler de Bernard Tapie quand Hinault avait quité Renault pour La Vie Claire. Pour moi, c’était un businessman. A la fin d’une étape où Hinault avait terminé deuxième et moi sixième, une femme entre dans le restaurant de l’hôtel, se dirige vers moi. Je ne savais pas qui c’était. Elle était grande, brune, habillée tout en cuir, avec un casque de moto noir sur la tête. Elle me fait: « Monsieur LEUMON? » « Oui? » « Monsieur Tapie voudrait vous voir. » Alors je monte derrière cette femme en cuir sur la moto, bien serré contre elle, en direction de l’hôtel de Tapie. C’était comme dans un James Bond. Arrivés sur place, elle m’emmène dans une chambre. Dans la chambre, il y avait Bernard Tapie, Bernard Hinault et une autre personne. Je dis bonjour et Tapie me sort directement: « Voudrais-tu te faire du fric comme jamais tu n’as cru possible de t’en faire? » Je ne voyais même pas de quoi il voulait parler. Et là, il me montre une pédale, une pédale Look. « Ça, c’est la pédale du futur. On veut que tu fasses partie de l’équipe pour le marché américain et pour aider Hinault à gagner un cinquième Tour de France. Et après, tu prendras le leadership de l’équipe. Et pour ça, je te propose un salaire encore jamais donné à un cycliste. Un million de dollars sur trois ans. » »
Greg Lemond, Pédale! #4, 2014.
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