« Si vous croyez que voir Dubosc, ça m’amuse ? Non, ça m’attriste. D’abord, pour lui. Mais je pense qu’il est lucide. Je ne pense pas qu’il se regarde dans la glace le matin en se disant : « Je suis Alain Delon. » Ou s’il se le dit, c’est qu’il est fou ! Aujourd’hui, je n’ai plus envie de composer pour des merdes qui se tournent. Dans les années 70, et jusqu’en 2009, 2010, c’était énorme. Après, je me suis calmé. Les grands metteurs en scène sont morts. Ou ceux qui restent sont très vieux, donc moins exigeants. (…)
Je n’ai pas de nostalgie. Je pense avoir fait assez de musiques pour pouvoir maintenant essayer de les faire connaître. On pense que j’ai 70 ou 80 ans. Mais non. J’ai encore le temps d’éclairer ce que j’ai fait. J’espère avoir assez de temps. (…) Je n’ai plus envie de mettre mon temps au service des merdes. Ça ne m’intéresse pas. J’ai envie de faire des concerts. En France, à l’étranger. De sortir des disques. J’ai eu la chance d’entrer dans ce métier au bon moment. Et j’en suis sorti au bon moment. Mais la chance, il faut savoir la travailler. Quand j’ai fait Les Choses de la vie, il ne fallait pas s’endormir sur ses lauriers. Mon père avait une formidable maxime : « Je te donne une goutte de chance, je te jette au milieu de la mer, tu t’en sortiras. » Ça veut dire avoir de la chance, mais savoir nager jusqu’au rivage. C’est ça que je veux dire aux gens. Ne pas être triste que les choses n’existent plus. Ça n’existe plus, mais ça a existé, alors cherchons un autre moyen de trouver d’autres émotions, avec d’autres personnes. Rien ne dit qu’il ne va pas y avoir un type génial qui va arriver. J’espère toujours ça. Que les choses ne vont pas rester comme ça. Sinon, il y a de quoi aller au lit, prendre un bon somnifère… »
Philippe Sarde, Schnock #31, 2019.
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