1. Plus personne ne sait faire de film d’horreur convenable aujourd’hui (exit Ari Aster) donc pourquoi ne pas remettre le couvert après le couronnement de Get Out. Jordan Peele a de l’ambition.
2. En saupoudrant son film d’une vague critique sociale – les gilets jaunes sont des combinaisons rouges – et en évitant l’écueil de la secte, le réalisateur sait qu’il séduira davantage les médias que, disons, le discours d’Escape Game. Le beau-frère de Jordan Peele est le boss de BuzzFeed.
3. Le plus effrayant dans Us est son absence totale de substance (ou son trop-plein d’idées dira-t-on) : des doubles maléfiques sous terre reproduisant les gestes de leurs alter egos à la surface, un verset de la Bible, une fête foraine, une chaîne humaine, des lapins, des ciseaux… Et toujours cette proportion grandissante des films actuels qui hésitent entre explication et libre-interprétation. De toute façon, les spectateurs sont bêtes et iront chercher leur réponse sur Internet. Jordan Peele est un snob.
4. Les personnages ne sont ni attachants, ni effrayants, ni amusants (excepté Gabe durant 10 minutes), la palme revenant au festival de grimaces d’Elisabeth Moss (héroïne de la navrante série The Handmaid’s Tale). Jordan Peele s’en cogne du casting.
5. D’où Us tire son originalité alors ? En déstabilisant le spectateur qui ne sait plus s’il doit rire ou partir, crier ou pleurer ? En nous montrant des héros cools qui se posent à table en plein carnage ? Des méchants marrants qui communiquent en borborygmes ? En donnant l’impression qu’il compose avec son pitch sans jamais savoir où il va ? En voulant donner de la profondeur à du vide ? Jordan Peele est un humoriste.
6. La terreur est avant tout en chacun de nous et il est temps de lui faire face : ce film va libérer la parole des Américains et occasionner une vague d’introspection sans précédent aux États-Unis. Jordan Peele est philosophe et optimiste.
7. A défaut d’entertainer l’auditoire qui se lasse très vite des facéties de cette famille, placer un T-shirt Michael Jackson sur une enfant était un moyen sûr de marquer les esprits alors que Us sort le même mois que le documentaire polémique Leaving Neverland. Jordan Peele a une bonne styliste.
8. Entre les Luniz (le classique « I Got 5 on It »), rejoué au piano lors d’une intenable scène de ballet morbide, et le grotesque placement de NWA sur une enceinte à commande vocale intitulée Ophélia (toujours le plus petit dénominateur commun), la partition stridente de Michael Abels finit par autant agacer que le film lui-même. Jordan Peele s’intéresse plus à la musique qu’au cinéma.
9. Le twist final prouve que Jordan Peele est déjà aussi moyen que M. Night Shyamalan. Mais le « nouveau Hitchcock » a plus d’un lapin dans son chapeau.
10. Pour terminer, cet élément trivia glané sur le site IMDB résume bien l’essence de Us : « After ‘Get Out’, this is the second Jordan Peele feature film to feature a main character eating Fruit Loops with their hands. »
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