6 livres pour Noël

Pour les mamans fans :

DEPECHE MODE, Faith and Devotion (Ian Gittins, Palazzo)

Ce n’est pas par son graphisme que ce livre brille – une préoccupation qui ne semble pas être le fort de cet éditeur – mais c’est avant tout pour la quantité de photos inédites du plus grand groupe pop des 40 dernières années, oui, parfaitement. Au fil des récits et anecdotes piochées dans un nombre incalculable de sources, l’ouvrage couvre l’ensemble de la carrière de DM et régale avec des clichés qui se suffisent à eux-mêmes pour analyser la trajectoire du groupe. Des débuts new wave en sandales et coupes hérissons aux tenues SM de Martin Gore en passant par la phase cow-boy/grunge de Dave Gahan, aucun détail esthétique du groupe de Basildon n’est laissé au hasard durant près de 250 pages. A feuilleter en regardant l’excellent docu de Jeremy Deller Our Hobby is Depeche Mode, voire même pour les extrémistes Spirits in the Forest d’Andrew Corbijn, sorti cette année. Dernière chose : U2 can suck it.

Pour les papas pervers :

MANIAC, plongée mortelle dans le NY des 70’s (Julien Sévéon, Nitrate)

Saviez-vous que Le Chat qui fume, enseigne bien connue des férus de cinéma bis, s’était lancé dans l’édition ? Après un premier livre audacieux sur le réalisateur Claude Mulot, Nitrate vous propose de vous replonger dans la légacie de Maniac, et dans le New-York hostile et dangereux de l’ère pré-Rudolph Giuliani. Film de William Lustig sorti en 1980, Maniac exerce toujours une fascination morbide sur ceux qui l’ont vu. En partie grâce à la folie furieuse de l’acteur Joe Spinell qui, on l’apprend dans le bouquin, s’est impliqué plus que de raison dans la réussite de ce long-métrage. Au fil des 150 pages bourrées de photos, Sévéon (déjà auteur de plusieurs livres sur le cinéma japonais, Dario Argento ou les zombies) revient sur ce qui a fait de Maniac une pierre angulaire du cinéma de boulevard, et ce qui a permis de le propulser au rang d’œuvre d’art, bien au-delà du statut de simple série B d’horreur. Avec une aversion non dissimulée pour la critique traditionnelle, ça ne mange pas de pain.

Pour les frères sombres :

NAROK, Hunting Asia I (Stephen Bessac, Timeless)

L’éditeur toulousain Timeless est réputé pour ses beaux livres et ses thématiques obscures. Une nouvelle fois, il ne déçoit pas avec ce premier volume d’une série baptisée Hunting Asia. Narok explore ce qu’on appelle en Asie du Sud-Est les hell gardens, et en particulier ceux situés en Thaïlande, pays où l’ex chanteur de Kickback – auteur du texte et des photos – a désormais élu résidence. Ces parcs d’attraction, volontiers abandonnés par les locaux, témoignent de la représentation des enfers dans la religion bouddhiste. Les pêcheurs qui s’écartent de la loi du Dhamma sont condamnés à passer des milliers d’années de souffrance au sein d’un bouquet comprenant 136 enfers. Pour chacune de vos fautes, il existe une punition, que ça soit les meurtres d’animaux ou la consommation de substances intoxicantes. Et les photos ramenées de ces voyages au bout de l’enfer sont incroyables : des statues grotesques éviscérées aux gigantesques arbres-adultères, c’est un festival de supplices donnant l’impression d’avoir été mis en scène par des enfants de 7 ans. Horrible ! Superbe ! A ne pas mettre entre toutes les mains, hein.

Pour les sœurs nerds :

D’après une histoire de STEPHEN KING (François Cau & Matthieu Rostac, Hachette)

Dans l’ère récente, on n’a peut-être jamais autant parlé de Stephen King que cette année. Trois trads de l’écrivain américain et un nouveau roman (The Institute) ont été publiés en 2019, mais on aurait tendance à reléguer ses activités d’auteur au second plan. Normal, ce qui a surtout fait parler de lui cette année c’était It 2 (une sombre merde) ainsi que deux autres adaptations hollywoodiennes : un remake de Simetierre et la suite de Shining, Doctor Sleep. Sans oublier Netflix movie, Dans les hautes herbes. Si tous ces nouveaux films n’apportent malheureusement pas beaucoup d’eau au moulin de l’horreur, il vaut mieux se replonger dans ce qui a fait la renommée de King. C’est ce qu’ont entrepris deux éditeurs. D’abord les Anglais de Palazzo avec Stephen King at the Movies signé Ian Nathan, qui revient dans les grandes lignes sur 4 décennies de films; et Hachette avec une anthologie répertoriant tous les travaux du King, que ce soit pour la télé ou le cinéma, mettant en lumière tous les liens existants entre ses histoires via d’ingénieux graphismes (parfois un peu trop fournis, certes) et observant avec une certaine amertume le rendu ramolli de ses romans puissants une fois passés à l’écran. Toujours avec de bons mots. C’est important.

Pour les fils réalistes :

THE TRAP (Vincent Desailly, Hatje Cantz)

Vous aimez le rap actuel, l’art et les beaux livres ? C’est bien. La maison berlinoise Hatje Cantz vous propose justement ce photobook rassemblant le boulot du Parisien Vincent Dessailly, ami de Brodinski (son fixeur sur place), qui a passé quelques temps sur les terrains vagues d’Atlanta. Ses clichés peuvent rappeler le style naturaliste du photographe Peter Beste (qui avait fait la même chose à Houston il y a dix ans). Ce qui constitue l’essence de l’esprit atlantien y est représenté, avec une distance européenne dirons-nous, que ce soit sur les somptueuses dents de Peewee Longway en gros plan ou ces poses nonchalantes sur voitures. Note importante : la préface est signée Gucci Mane, et ça , ça n’a pas de prix.

Pour les fils ironistes :

THE HARD TIMES, The First 40 Years (Mariner)

Incontestablement le site satirique le plus drôle des années 2010, il était évident qu’à force d’écrire les pages les plus illustres de la culture punk 3.0, tout ça allait finir sur papier, tel un fanzine amélioré. La boucle est bouclée. The First 40 Years revient donc sur la genèse du site créé par Bill Conway et Matt Saincome, toujours entre éléments réels (‘The first musician to travel long distance to kick our asses‘) et fiction hilarante. En plus des meilleurs articles re-designés selon la décennie, deux guides bonus : ‘How to shoplift with Wendy O. Williams‘ et ‘Explaining your nu metal fanhood to your partner‘. Le site a depuis ouvert son pendant Lifestyle et même une appli (Outvoice) pour aider les pigistes à se faire payer. Preuve que fun et biz peuvent coexister.

Top 5 titres :
‘Crust-punk house made entirely out of patches’
‘Local man insists scene died when he stopped going to shows’
‘AOL reissues classic ’50 Hours Free!’ CD on vinyl’
‘Metalhead can’t find one single inoffensive shirt to wear to airport’
‘Dog wearing Misfits bandana can’t even name three of their songs’

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