DETROPIA (2012)

Si vous suivez ce qui se passe dans le Michigan depuis 20 ans (ce n’est pas mon cas), vous n’apprendrez pas grand chose à travers ce documentaire réalisé par Heidi Ewing et Rachel Grady. Trop court, trop dispersé, trop Sundance, les deux réalisatrices ont privilégié l’esthétique à la substance. Un bel emballage sans le contenu. « You want to turn Detroit into a farm, huh? » Ben ouais, la ville-moteur, devenir un espace vert composé de coffee shops et de lofts d’artiste cernés de jardins et de potagers ? C’est pourtant ce qui va se passer (fighting change is a lost cause). Et c’est le dilemme auquel le maire est confronté, relocaliser tous les anciens habitants de la périphérie au centre, anti-gentrification, afin de remodeler la ville. Évidemment, ça passe mal.

Que ceux qui veulent flinguer les deux comédiens du dessus lèvent la main.

« Je veux pas devenir un putain de fermier! Tu-vois-c’que-j’veux-dire? »

Ah bah c’est pas gagné…

Detroit a perdu, en 50 ans, presque les deux tiers de sa population (les blancs ayant déjà déserté massivement dans les 70’s) ainsi que ses usines dominant le marché automobile, délocalisées vous savez où. Le « Paris du Midwest » ne fait plus rêver personne, et est devenu un symbole du déclin industriel, car tous les espoirs furent un temps tournée vers cette métropole idéale du futur, la ville aux millions de vitres. Une ville maintenant laissée à l’abandon où certains résidents pyromaniaques ont pris pour habitude de brûler les maisons qui ne leur revenaient pas. Les jobs aussi ne reviendront pas. « Toutes les grandes villes américaines vont suivre », nous affirme un intervenant sur un ton apocalyptique. Et voir tous ces artistes européens spéculer et s’installer sur les ruines du futur est en somme assez malsain.

Detroit à son climax dans les fifties.

Un peu moins de théâtre et d’opéra (et une bande-son pertinente?) aurait pu permettre d’aborder d’autres points au-delà des réunions de syndicats et des passages développés autour du thème: « l’économie pour les nuls« . Salon de l’auto en tête. A côté de ça, vous pouvez toujours admirer les ruines neuves de la ville, photographiées et filmées par tous les étrangers du monde, depuis considéré comme un véritable fléau par les locaux.

A ce propos, vous pouvez lire ce puissant article de John Patrick Leary qui revient sur le ruin porn: DETROITISM.

[slideshow post_id=3095 showinfo=’false’ width=’580′ height=’327′ exclude= »3112″, « 3145 », « 3146 », « 3147 », « 3148 », « 3149 », « 3150 », « 3151 », « 3152 », « 3153 », « 3154 », « 3155 », « 3183 »]

Comments are closed.