« La tradition veut que, en France, les rappeurs US se soient toujours fait malmener. Les premières traces des conflits remontent au concert de RUN DMC/Beastie Boys au Rex en 1987. J’avoue aujourd’hui avoir humblement contribué à la légende de ce jour-là, en mettant la première patate dans la bouche d’un roadie des RUN DMC, Hurricane, qui se la pétait un peu trop à mon goût. Dix minutes après la fin du concert, leur bus de tournée était dévasté par cent cinquante B. Boys en furie. Très souvent, les rappeurs arrivaient de Londres, la France étant leur dernière date. Ici, personne ne parlait anglais, pour eux, c’était le Mali. Ce qu’ils ne réalisaient pas, c’était qu’à leurs concerts, les cinq premiers rangs étaient composés de casseurs de gueules certifiés.
Au concert de Naughty by Nature, au Zénith, en 1996, quand Method Man, après avoir livré une première partie déplorable, se jeta dans la foule, je vis se refermer sur lui un véritable banc de piranhas. Quand il réussit à remonter sur scène, il s’était fait arracher chaînes, pompes, et ses cheveux ressemblaient à des ressorts détendus. À la fin du concert, il fallut se déplacer pour laver la bouche de Treach, le chanteur de Naughty by Nature. Ce fils de pute n’avait rien trouvé de mieux que de balancer à un groupe de trous de balle : « You ignorant motherfuckers from Africa, you can’t understand anything, I can understand a lot of shit. »
Alors comme ça, on était des fils de putes d’Africains ignorants ? Je passai en backstage avec deux ou trois camarades, tronches de mandats de dépôt, 9 millimètres, 38 spécial, 45 auto. Devant de tels arguments, Treach ne fit pas de difficultés pour s’excuser. Putain, on était quand même encore chez nous, connards d’Amerloques ! Quand mon pote Vévé braqua Redman dans les coulisses de l’Elysée-Montmartre, ce dernier se dégueula dessus à la vue du calibre. Not enough guts! Le rappeur ricain, franchement, sur scène il fait le chaud, mais après y’a plus personne. »
Sur la tombe de ma mère, Mc Jean Gab’1, 2013. (Don Quichotte)
putain faut que je lise ça!