Esoterra : Super Sized Satanic

EsoTerra est un magazine américain qui a sévi durant la majeure partie des années 90 et assurait la collusion entre l’occulte et la pop culture, en pleine ère rave et colorée. A travers 9 numéros, Chad Hensley, entouré d’acolytes triés sur le volet, a réuni des interviews et articles puissants, puisant dans la musique extrême, l’art morbide ou la magie noire. Salué par Adam Parfrey, un livre rétrospectif de 320 pages contenant les meilleures choses parues dans le zine a été publié il y a quelques temps par Creation Books. Sa version française devrait être dispo chez Camion Noir en juin prochain alors que Chad est en train de préparer le le numéro 11 de la revue. Je l’avais interviewé en 2012, il venait alors de se manger un énième cyclone en pleine face, et m’avait répondu en direct de son préfabriqué de la Nouvelle-Orléans, sur une connexion DIY de fortune.

UNE INTERVIEW PARUE DANS LE N° V8N2 DE VICE MAGAZINE.

Quand et pourquoi as-tu créé le magazine EsoTerra ?
En Octobre 1989, peu de temps après avoir eu mon diplôme universitaire, j’ai déménagé du Mississippi à Los Angeles. J’étais déjà dans la scène punk depuis ’84. A Los Angeles, j’ai réussi à m’installer à deux pas de Melrose Avenue, qui, à cette époque, était une sorte de paradis de la culture underground. Tu y trouvais des magasins comme Vinyl Fetish, la galerie d’art La Luz De Jesus, la librairie Soap Plant ou encore Golden Apple Comics. Même si c’était plus loin, je pouvais aussi bouger jusqu’à la librairie Amok. Tous ces lieux ainsi que les concerts du coin m’ont fait découvrir cette culture qui n’existait tout simplement pas dans mon Sud profond.

A la fac, j’ai commencé à écrire de la fiction d’horreur et de la poésie, en me faisant publier dans des zines comme Deathrealm, New Blood, et The Silver Web. Ces petites revues publiaient des nouvelles, de la poésie, et de l’art provenant aussi bien d’auteurs déjà établis que de nouveaux venus. Quelques-uns de mes poèmes ont reçu une mention honorable dans Year’s Best Fantasy and Horror ce qui m’a poussé à continuer.

Bien avant que je commence à soumettre mes papiers à des magazines d’horreur, j’étais déjà familier avec la culture zine par le biais du punk, du metal, et des zines de skate que mes potes faisaient, ou que je commandais par correspondance quand j’étais ado dans le Mississippi. Une fois à Los Angeles, mon réseau zine s’est élargi jusqu’à inclure des publications axées sur la musique industrielle, la culture apocalyptique, et l’occulte.

Aussi étrange que ça puisse paraître, cette combinaison de littérature d’horreur, de musique underground, et de sous-culture jeune mélangées ensemble fonctionnait vraiment bien pour moi… et elle a eu une influence indéniable sur la création d’EsoTerra. Le premier numéro du magazine est sorti en janvier 1992. Il était condensé en format A5 avec 28 pages. J’en ai imprimé une centaine d’exemplaires, façon pro. 50 copies avaient une sérigraphie en quadrichromie de Lindsey Kuhn en couverture, les autres ont été signés par d’autres contributeurs comme Frank Kozik. Toutes ces copies ont été sérigraphiées à la main et numérotées. J’ai vendu la première version 5 dollars et celles avec les sérigraphies 7 dollars. Je distribuais le zine par la poste et dans des boutiques comme Amok, les magasins de disques, et les librairies occultes traditionnelles. Les numéros #2 et #3 étaient aussi en A5 mais j’en ai imprimé 300 de chaque. Les numéros d’après (jusqu’au #9) étaient en format magazine A4 et imprimés à 1000 exemplaires (2000 pour le #9) avec des sérigraphies pour le #2, #3 et le #4.

Tu lisais quoi comme magazines à cette époque ?
J’échangeais souvent des zines par courrier, en écrivant directement à d’autres éditeurs et écrivains. J’ai pu échanger des copies de EsoTerra contre des magazines comme The Fifth Path, The Black Flame, The Fenris Wolf, Ohm Clock, Descent, des publications de chez Full Force Frank ou du Temple of Psychic Youth par exemple. Je lisais aussi des bouquins comme Apocalypse Culture de chez Feral House ou Rapid Eye de chez Creation Books.

Quelle est ta définition d’une contre-culture ?
Ma contre-culture c’était la scène punk rock du début des années 80, qui cohabitait d’ailleurs avec le milieu du skate. Elle m’a donné l’occase de voyager partout dans le Sud, de skater et de voir de la musique live partout où j’allais, souvent dans des concerts de hardcore et de metal. Il y avait de petites scènes qui se sont étendues du Texas à la Floride. Quand j’ai bougé à Los Angeles, tout cela a explosé, en incluant de nouveaux éléments comme la musique industrielle ou la noise.

Avec Internet, la culture alternative est hyper facile d’accès maintenant, pour tous.
Grâce à Internet, la musique, l’art, et la littérature de n’importe quel genre sont maintenant disponibles 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. C’est à la fois bien et mal. Dans les premières années d’EsoTerra, tu devais vraiment chercher de la musique qui était dure, voire impossible à trouver. J’arrivais à me démerder en voyageant pas mal, en écumant les disquaires des autres états, ou en commandant par l’intermédiaire des listes de VPC, pas vraiment le même délire que l’achat de disques sur Internet. Vu qu’il n’y avait pas d’email, tu devais toujours contacter les personnes en direct en leur écrivant des lettres, et en y glissant de la thune pour recevoir leur marchandise. Si tu voulais réaliser une interview, tu devais le faire par téléphone ou aussi par courrier. Pas simplement en envoyant un email…

Comment tu choisissais les articles à publier dans EsoTerra ? Des limites étaient fixées ?
J’ai rencontré R.F. Paul par courrier. Il éditait le zine Fool’s Feast à l’époque. Il participait également au Temple ov Psychick Youth [confrérie ‘artistique’ créée par les membres de Psychic TV, Coil et Current 93 en 1981.] Les membres du TOPY étaient friands de ma poésie.

Donc j’ai ‘engagé’ R.F. Paul en tant que co-rédacteur en chef et nous sommes partis à la recherche de matériel à publier dans les pages de EsoTerra. Nous voulions que le magazine soit occulte et pop culture en même temps, mixant des interviews poussées avec des musiciens, des artistes et des écrivains, et à côté des articles sur l’occulte et les sujets fortéens. [Auteur du «Livre des damnés», Charles Fort est le premier chercheur sérieux à avoir renseigner les phénomènes paranormaux.] Le seul critère pour avoir sa place dans le magazine était le suivant : l’idéologie des personnes consultées devait être impérativement exprimée à travers leur musique, leur art ou leur écriture. Bien qu’aucun sujet ne comportait de limite, des mecs en prisons me commandaient des zines et ils se faisaient bloqués avant d’arriver. Parfois, je recevais un formulaire officiel expliquant pourquoi le zine avait été confisqué. Les courriers citaient généralement des images ou des articles de nature sexuelle qu’ils jugeaient nocifs pour la personne incarcérée.

De quel article d’EsoTerra es-tu le plus fier ?
Je suis fier de tout ce qui a été publié dans le magazine, en particulier par des gens aussi talentueux que Adam Parfrey, Alan Moore, Genesis P-Orridge, Carl Abrahamsson, R.N. Taylor, H.R. Giger, Lindsey Kuhn, et, tout le reste des contributeurs en fait. Certains articles ont attiré davantage l’attention au fil du temps, comme mes trois articles sur la scène Black Metal norvégienne, les entretiens avec Andrew Chumbley et Thomas Ligotti réalisés par R.F. Paul, et aussi les trois articles de R.N. Taylor sur l’Église du Jugement Dernier (Process Church). À un moment donné, une demi-douzaine de sites et de blogs ont utilisé des citations de mon interview de Merzbow, cet article semble assez populaire aussi.

Tu as rencontré beaucoup de types obscurs avec à ton zine, qui était le plus impressionnant ?
Je pense que je vais dire Boyd Rice. J’étais à Denver, dans le Colorado, pour une convention mondiale de l’Horreur et j’avais réussi à convier Boyd à un cercle de discussion sur l’histoire du satanisme. Avant que le débat commence, on est allé boire des coups au bar de l’hôtel pendant que je l’interviewais. Il fumait des cigares et prisait du tabac pendant mes questions, il a continué à priser au cours de la discussion de groupe. Tout au long de la soirée, Boyd était poli et tellement drôle… C’est un putain d’orateur.

La dernière fois que Boyd Rice est venu à Paris, il portait un uniforme d’inspiration SS. Salaud !
J’aime la controverse mais pas au niveau de Boyd Rice. Mais Boyd m’a déjà foutu dans la merde, indirectement… J’avais fait une interview de lui pour un webzine qui s’appelait Gothic.Net au début des années 2000 (l’interview avait aussi été publié dans EsoTerra, et figure donc dans le livre). J’étais à mon taf au moment où l’interview a été publiée. Je vais donc sur le site pour l’imprimer avec l’imprimante du boulot. Quand je suis revenu au travail le lundi, j’ai découvert que l’entreprise avait installé un programme de surveillance internet et que Gothic.Net avait été répertorié comme site pornographique. La DRH, sans même aller vérifier, a confirmé les dires du logiciel. Elle voulait me faire signer un document comme quoi je reconnaissais avoir consulter un site porno au boulot. J’ai refusé de signer et j’ai démissionné de la boîte. J’ai écrit un article à propos de cette histoire, tu peux le lire ici: www.davidjschow.com/essay/essay_porn.html

Tu écris de la fiction et de la poésie maintenant. Pourquoi avoir arrêté le magazine ?
Lorsque j’ai publié le #9, je travaillais pour une start-up à Seattle. Le numéro 9 a une couverture réalisée par H.R. Giger ainsi que 4 pleines pages en couleur de Trevor Brown. Le mag entier est imprimé sur du papier glacé à 2000 exemplaires. La société pour laquelle je bossais a fait subitement faillite et il m’a fallu plus d’un an pour retrouver un emploi dans mon domaine, ce qui a eu un gros impact sur le magazine. Donc, pendant ce temps, je n’avais pas assez d’argent pour publier le numéro 10, même si je cherchais toujours du contenu. En 2005, j’avais l’intention de publier le #10 sur Internet, mais l’ouragan Katrina est passé sur la Nouvelle-Orléans et a ruiné tous mes efforts. La plupart des articles que j’avais recueilli pour le numéro 10 se trouvent maintenant dans le livre EsoTerra.

J’ai commencé à écrire de la poésie et des nouvelles pendant mes études. Je suivais quelques cours d’écriture créative, mais rien qui incluait du journalisme ou un truc de la sorte. Au milieu des années 90, j’ai commencé à écrire pour des magazines culturels divers comme Seconds et Terrorizer en Angleterre ou pour Warp Japan à Tokyo. Ces éditeurs m’ont poussé à améliorer mon écriture et m’ont conduit à signer des articles encore meilleurs pour EsoTerra. Par la suite, j’ai eu des parutions dans Apocalypse Culture 2 (Feral House) et dans les volumes 2 et 3 de Antibothis (une anthologie occulte du Portugal), ainsi que des trucs dans Hustler et le fanzine Slayer de Norvège, qui sont consultables dans le livre. En ce qui concerne Antibothis et Slayer fanzine, les articles de la revue ont été repris dans leur intégralité. En fait, le livre de chez Metallion The Slayer Mag Diaries contient mon interview de Marilyn Manson, bien que je ne sois aucunement crédité…

Hustler, le magazine porno ?
Oui. J’ai un article dans le livre Apocalypse Culture 2 à propos d’une nécrophile occulte qui s’appelle Leilah Wendell. Le papier est bien plus long que dans le livre EsoTerra. Quand Apocalypse Culture 2 est sorti, un éditeur de Hustler magazine m’a contacté pour que je leur écrive un truc sur la nécrophilie. Pas que sur Madame Wendell mais sur d’autres nécrophiles des USA, ainsi que sur les lois concernant cette pratique selon les différents états… Je me suis donc mis à traquer les nécrophiles pour leur poser des questions…

Qu’est ce que ta mère pensait de tout ça ?
J’avais vingt-trois ans et mon diplôme universitaire en poche quand j’ai quitté la maison pour Los Angeles. Je n’ai pas vécu avec mes parents, donc c’était très facile de leur cacher l’existence du magazine quand j’ai commencé à travailler dessus. Vers la fin des années 90, j’ai créé un site web pour le magazine. Mais, vu que l’URL du site est www.esoterra.org le rapprochement n’est pas évident. Je crois que jamais personne de ma famille proche n’a vu un exemplaire du mag, ni le site, même si ma mère possède une copie du livre cartonné. Elle aime avoir un exemplaire des livres où figure mon travail, même si elle ne les lit pas vraiment. Mon père a jeté brièvement un œil au bouquin une fois, il a tout de suite jugé ça comme de la « pornographie », il rigole pas avec ça.

As-tu une expérience personnelle avec la magie ?
Je me suis impliqué dans TOPY au début des 90’s, juste avant que le temple ne se dissoute. J’aime la magie des sceaux (sigil magick) et depuis le temps que je la pratique j’ai pu témoigner de ses effets.

[La magie des sceaux ou sigilisation ou ‘sigillomancie’ consiste à former une phrase ou un symbole qui résume une intention ou qui représente une force, un démon. Le sceau écrit peut se transmettre et agir comme un sort. Cette pratique ancestrale se matérialise dans des cultures aussi diverses que le Tantra Hindu, les Runes Germaniques ou la Cabale Juive. – A 23h, le 23 de chaque mois, les membres du Temple de la Jeunesse Psychique étaient invités à réaliser des sceaux magiques. Ils devaient envoyer ensuite leurs symboles dans une lettre vers un point central où l’énergie magique se trouvant à l’intérieur d’eux pouvait les améliorer… ]

C’est quoi l’histoire du ‘Bram Stoker Award’ ?
Chaque année, l’Association des écrivains d’horreur décerne le prix Bram Stoker pour les écrits d’horreur les plus réussis. Ceci inclus trois catégories: fiction d’horreur, non-fiction, et poésie. Mon recueil de poésie What the Cacodaemon Whispered a été finaliste en 2001.

Tu écris toujours pour la presse ? Trouves-tu autant de bons sujets que dans les années 90 ?
Oui, je fais encore du journalisme musical et des articles bizarres comme ceux que tu peux trouver dans le livre EsoTerra. J’ai quelques textes qui sont parus dans le volume #4 de Antibothis (et des interviews de Joe Coleman, Trevor Brown, et de Karl Buechner, le chanteur d’Earth Crisis). Je suis une personne curieuse de nature donc je peux encore trouver beaucoup de questions à poser aux gens. Et j’écris toujours de la poésie, et des nouvelles aussi… J’aimerais bien interviewer Ron Athey un jour. Genesis P-Orrige une deuxième fois aussi, maintenant qu’il est devenu une femme. Et puis aussi Masami Akita dont le catalogue de productions ne cesse de grossir et grossir.

Tu t’intéresses à la politique ? Tu vis où d’ailleurs ?
J’ai toujours vécu en Amérique, mais j’ai tendance à préférer les métropoles. Actuellement, je vis à la Nouvelle-Orléans, en Louisiane. Plus jeune, j’étais totalement indifférent à la politique. C’est seulement depuis quelques années que je commence à y accorder plus d’attention. Je n’avais jamais voté à une élection présidentielle jusqu’aux élections de 2008. Il y a vraiment des problèmes importants avec les deux principaux partis politiques de ce pays. La société américaine dominante devient vraiment un problème…

Tu crois en Satan ?
Non, j’aimerais bien, mais je ne crois pas que le diable m’ait déjà poussé à faire quoique ce soit.

Tu n’as pas l’impression que l’occulte, le paganisme et l’ésotérisme deviennent de plus en plus tendance ?
Peut-être que ces sujets sont à la mode en Europe, mais pas vraiment en Amérique, en tous cas à la Nouvelle-Orléans. Et pourtant la ville possède son lot de sorcellerie et de boutiques vaudou dans le quartier français.

Beaucoup de gens célèbrent les années 90 comme une époque de liberté, de couleur et de fun. C’est fatiguant. Parle-moi de tes années 90 à toi.
J’ai déménagé à Los Angeles en 89. J’avais l’habitude de traîner dans le loft de Green Jello (le groupe s’appelle Green Jelly maintenant) et j’ai pu assisté à la formation de Tool. J’ai vu des concerts de Tool avec seulement 10 personnes dans la salle. Par rapport à maintenant, c’était très cool. Quand j’étais à LA, je passais aussi mon temps au café Jabberjaw, j’ai vu beaucoup de bons groupes là-bas. Il y a un livre qui va sortir sur le Jabberjaw et tout ce qui s’est passé là-bas (j’apporte mon témoignage dedans). Après j’ai bougé à Austin, Texas, en été 92. Je taffais comme sérigraphiste pour les artistes Frank Kozik et Lindsey Kuhn, et dans une fabrique de posters appelée Wacky Land. J’ai même dessiné mes propres posters pour des concerts de Sleep Chamber et Crash Worship quand j’étais là-bas. Pendant mon séjour à Austin, j’ai pratiquement vécu en permanence à l’Emo nightclub. Cette salle est devenue célèbre depuis, en raison de tous les bons groupes qu’elle a fait tourner (en plus l’entrée était gratuite pour tout le monde). En 1994, j’ai déménagé à la Nouvelle-Orléans et c’est là que j’ai commencé à faire du journalisme musical, puis EsoTerra. Enfin, en Octobre 1997, je suis allé vivre à Seattle et j’ai été témoin des derniers jours du Grunge. Quand j’ai quitté Seattle, les années 90 étaient finis.

ESOTERRA
CREATION BOOKS
CAMION NOIR



/// ENGLISH VERSION \\\

When and why did you set up EsoTerra magazine?
In October of 1989, shortly after I graduated from college, I moved to Los Angeles from Mississippi where I had been involved in the punk scene since ‘84. In Los Angeles, I managed to move two blocks from Melrose Avenue which, at that time, was sort of a haven of underground culture. Stores like Vinyl Fetish record store, the La Luz De Jesus art gallery and the Soap Plant book store beneath it, and Golden Apple Comics. Though it was further away, I could also drive to the Amok book store. All of these shops as well as live music exposed me to a wide range of subculture that was simply not prevalent in the Deep South.

In college, I started writing horror fiction and poetry, getting published in horror zines like Deathrealm, New Blood, and The Silver Web. These small press magazines published fiction, poetry, and art from established authors as well as new comers. A few of my poems received honorable mentions in Year’s Best Fantasy and Horror which inspired me.

Even before I started submitting to horror magazines, I was already familiar with zine culture through punk, metal, and skateboarding zines put out by friends or obtained through the mail while I was growing up in Mississippi. Once I was in Los Angeles, my zine network expanded to include publications that focused on industrial music, apocalypse culture, and the occult.

As strange as it may sound, this combination of horror literature, underground music, and youth subculture mixed together really well for me…and had a definite influence on the creation of EsoTerra magazine. The first issue of EsoTerra magazine was published in January of 1992. It was digest-sized 5.5 inches by 8.5 inches with 28 pages. I had one hundred copies professionally printed. Fifty of these copies had a four color silkscreen cover by Lindsey Kuhn and 23 of the copies with silkscreen covers were signed by several contributors including Frank Kozik. All of these silkscreen copies were hand-numbered. I sold the first issue for five dollars and the ones with a silkscreen cover for seven dollars each. I sold the zine through the mail and at shops like the Amok book store, record stores, and the occasional occult book store. Issues #2 and #3 were also digest-sized but I printed 300 copies of each. Issues #4, #5, #6, #7, #8, and #9 were magazine-sized, 8.5 inches by 11 inches. There are also silkscreen cover versions of issues #2, #3, and #4 with 300 copies of issue #4 being printed. The print run was increased to a thousand copies with issue #5, #6, #7, and #8 and increased to two thousand copies with #9.

What kind of magazines were you reading ?
I often traded zines through the mail, connecting directly with other editors and writers. I was able to trade copies of EsoTerra for magazines like The Fifth Path, The Black Flame, The Fenris Wolf, Ohm Clock, Descent, Full Force Frank publications, and various Temple of Psychic Youth publications, for example. I was also reading books like Apocalypse Culture from Feral House and Rapid Eye from Creation Books.

What is your definition of counter-culture ?
My counter-culture was the punk rock scene of the early ‘80s which was also mixed with skateboarding. This gave me the opportunity to travel around the South skating and listening to live music wherever I went, often hardcore and metal gigs. There were small scenes that stretched from Texas to Florida. When I moved to Los Angeles, all of this exploded including adding new elements like industrial music and noise to the mixture.

With Internet, alternative culture seems to be as available as easy for every youth now.
Thanks to the Internet, music, art, and literature of every kind are now available twenty-four hours a day, seven days a week. This is both a good and bad thing. In the early days of EsoTerra magazine, you had to actively search for music that was often very hard to find, if not almost nearly impossible. I did this by traveling around and going to record stores in other states. Or ordering music through the mail; not the same as ordering it over the World Wide Web. Since there was no email, you often had to contact individuals by writing letters and sending them through the post office, along with your money for their merchandise. In order to conduct an interview, you had to do it over the phone or through letter writing. Not by merely sending an email…

How did you select the stuff you published in EsoTerra ? Did you set limits ?
I met R.F. Paul through the mail. He was the editor of the zine Fool’s Feast. He was also involved with the Temple of Psychic Youth. Members of TOPY were frequently fond of my poetry and some of my early correspondence with various stations of the organization was through submitting material for publication in the zines the stations published, such as Fool’s Feast for example.

So I enlisted R.F. Paul to be my co-editor and off we went in search of material to publish in the pages of EsoTerra. We wanted the magazine to be occult pop culture mixing in-depth interviews with musicians, artists, and writers alongside articles on the occult and fortean topics. The only criteria for the individuals featured in the magazine was that their ideology had to be expressed through their music, art, or writing. While no subject matter was off limits, I do know that magazines ordered by individuals in correctional facilities were often seized by authorities. Sometimes, I would receive an official form letter stating why the zine had been confiscated. These letters typically cited imagery or articles of a sexual nature they thought had the potential to be harmful to the inmate.

What is the piece are you’re most proud of ?
I am proud of all the material published in the magazine, especially by such talented individuals as Adam Parfrey, Alan Moore, Genesis P-Orridge, Carl Abrahamsson, R.N. Taylor, H.R. Giger, Lindsey Kuhn, and all the rest of the contributors over the years. Certain articles have garnered more attention over time including my three articles on the Norwegian black metal scene, interviews with Andrew Chumbley and Thomas Ligotti both by R.F. Paul, and R.N. Taylor’s three articles on the Process. At any one time, there’s about half a dozen websites and blogs using quotes from my Merzbow interview so that one seems pretty popular too.

You met a lot of dark figures during the fanzine era, who was the most impressive ?
I think I have to pick Boyd Rice. I was in Denver, Colorado for a World Horror convention and I got Boyd to sit in on a panel discussion about the history of Satanism. Before the panel even began, we hung out at the bottom of the hotel in a bar drinking while I interviewed him. He smoked cigars and snorted snuff during the interview and continued with the snuff during the panel discussion. Throughout the evening, Boyd was polite and often humorous as well as an excellent participant on the panel.

When Rice last came to play in Paris, he was dressed in SS uniform. Controversy !
I like controversy but not as much as Boyd Rice. But Boyd has gotten me in trouble…I did an interview with Boyd for an internet based magazine called Gothic.Net sometime in 2000 (this same interview was published in EsoTerra magazine and, consequently, the book). I was at my day job when the interview came out. I went to the website and printed out the interview on a company printer. When I returned to work after the weekend, I discovered my company had installed internet monitoring software and that the software ranked everything on the Gothic.Net website as pornography. Since the software said the website was pornography, the human resources manager said it was pornography. She wanted me to sign a legal document stating I had been looking at pornography while at work. I refused to sign the document and resigned from the company. You can read my article about this event which explains the entire story in great detail: www.davidjschow.com/essay/essay_porn.html

You’re writing fiction and poetry now. Why did you stop the zine ? Were you a journalist by default ?
When I published issue #9, I was working for a dot com company in Seattle, Washington. Issue #9 has a wrap-around, color cover by H.G. Giger as well as four full color pages of Trevor Brown artwork. The entire mag is printed on glossy paper and had a run of two thousand copies. The dot com went out of business and it took me over a year to find employment in my field, which had an impact on the magazine. So during this time, I had no money to publish issue #10, though I was still seeking content for that issue. By 2005, I was planning to publish issue #10 on the internet but Hurricane Katrina happened and impacted that effort. I did include most of the material I had collected for issue #10 in the EsoTerra book.

I started writing horror poetry and fiction while in college. I took a handful of creative writing courses but nothing that involved journalism of any kind. In the mid-90s, I began writing for various culture magazines like Seconds and Terrorizer in England as well as Warp Japan in Tokyo. These editors pushed my writing which in turn pushed the articles in EsoTerra magazine to be better with each issue. Consequently, I’ve had articles published in the books Apocalypse Culture 2 by Feral House and volumes two and three of Antibothis (an occult anthology from Portugal), as well as the magazines Hustler and Slayer fanzine from Norway based on subject matter that originally appeared in EsoTerra magazine. In the cases of Antibothis and Slayer fanzine, articles from the magazine were reprinted in their entirety. In fact, Metallion’s book The Slayer Mag Diaries contains my Marilyn Manson interview, though no credit to me is given.

Hustler, you mean the porn magazine ?
Yes. I have an article in the book Apocalypse Culture 2 about a necrophiliac occultist named Leilah Wendell. This is a much longer article than in EsoTerra the book. After Apocalypse Culture 2 came out, I was contacted by an editor at Hustler magazine who wanted me to write an article about necrophilia. But not just about Ms. Wendell but also about other necrophiles in the United States as well as states’ laws about necrophilia. So I did research as well as tracking down other necrophiles and asking them questions…

What was your mother thinking about all that ?
I was twenty-three years old and had graduated from college when I moved to Los Angeles from Mississippi. I did not live with my parents so it was very easy to hide the magazine from them when I began working on it. At some point in the late ‘90s, the magazine got a website. But, since the website URL is www.esoterra.org it is still not easy to find. I do not think any of my immediate family has ever seen the magazine or the website though my mother does have a copy of the limited edition hardback book. She likes to get a copy of the books featuring my work, even if she does not really read them. My father looked at the book briefly once and called it “pornography” so I know he’s not very keen on it.

Do you have a personal experience with magic, or an anecdote from beyond ?
I was involved with TOPY in the early ‘90s, right before it ended. I like sigil magick and have found it to be effective over lengths of time.

Tell me about this ‘Bram Stoker Award’ story!
Each year, the Horror Writer’s Association, an organization of horror writers, presents the Bram Stoker Awards for Superior Achievement in horror writing. This includes awards for superior horror fiction, non-fiction, and poetry. My poetry collection What the Cacodaemon Whispered was a finalist for the award in 2001.

Do you still write for the press and still find as much things to talk as in the 90’s ?
Yes, I still do music journalism as well as weird non-fiction articles like those in EsoTerra the book. I have some writing in Antibothis volume #4 (interviews with Joe Coleman, Trevor Brown, and Karl Buechner, vocalist for Earth Crisis). I am an inquisitive person by nature so I can still find plenty of questions to ask people. I still write horror poetry and fiction as well… At some point, I would like to interview Ron Athey. I would also like to interview Genesis P-Orridge again, now that he has become s/he. Also Masami Akita as his catalog of work just keeps growing and growing.

Do you care about politics ? Where do you live by the way ?
I have always lived in America, though I tend to favor metropolitan cities. Currently, I live in New Orleans, Louisiana. When I was younger, I was totally apathetic to politics. Only in the last few years have I started to pay more attention to politics. I had never voted in a presidential election until the election in 2008. However, there are significant problems with both of the major political parties in this country. I don’t really like mainstream American society…

Do you believe in Satan?
No. I would like to but I don’t believe the devil ever made me do anything.

Don’t you feel occult, pagan and esoteric stuff is so trendy nowadays ?
Maybe these topics are trendy in Europe but not really in America, especially in New Orleans though the city does have its fair share of witchcraft and voodoo shops in the French Quarter.

A lot of people are celebrating the 90’s like an era of freedom, color and fun. Tell me about your 90’s.
I moved to Los Angeles in ’89. I use to hang out at the Green Jello loft (the band is now called Green Jelly) and got to see the formation of Tool. I have seen Tool play shows with only a handful of people in the audience. Compared to now, that was very nice. When I lived in LA I also hung out at the Jabberjaw coffee house and got to see a lot of great bands. There is a book coming out this summer about the Jabberjaw coffee house and the shows that went on there that I wrote a little for. I moved to Austin, Texas in the summer of ’92 and worked as a silkscreen poster printer for the artists Frank Kozik and Lindsey Kuhn at the Wacky Land poster factory. I even made a few gig posters featuring my own artwork for the bands Sleep Chamber and Crash Worship while working at Wacky Land. During my time in Austin, I practically lived at Emo’s night club. This club has now become pretty famous for all the good shows that went on there and, in the beginning, it was also free to get in the club if you were an adult. In 1994, I moved to New Orleans and that’s when I started doing music journalism in addition to EsoTerra magazine. Finally, in October of 1997, I moved to Seattle, Washington and got to experience the final days of Grunge. By the time I left Seattle, the ‘90s were over.

THE END.

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