L’Art de Mosher

New York, avant la découverte de la mosh.

WALTER SCHREIFELS (Youth Of Today, Warzone, Gorilla Biscuits, Project X, Supertouch, Quicksand) : Il y avait une certaine dose de confiance en soi à New-York, qui pouvait être confondue avec du machisme, mais c’est tout simplement que le hardcore de New York avait les meilleures mosh parts possibles. Personne ne jouait des parties dansantes aussi bonnes qu’à New York.

ALEXA POLI-SCHEIGERT (Scenester) : On avait des breaks brutaux, et ça rendait la danse encore plus dure. C’était différent. Ce n’était pas juste du thrash rapide comme à Boston.

WALTER SCHREIFELS : Les gens moshaient plus qu’ailleurs. Le CBGB était comme le Madison Square Garden de la mosh. A New York, tu n’avais même pas besoin de chanter dans un groupe. Tu pouvais juste être bon dans le pit pour te faire aimer et respecter.

RAY CAPPO (Violent Children, Youth Of Today, Shelter) : D’ailleurs, ‘mosh’ était un mot uniquement utilisé à New York. Les gens de l’extérieur ne pouvaient même pas savoir de quoi on parlait.

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Ray Cappo.

JACK FLANAGAN (Heart Attack, The Mob) : Le terme ‘mosh’ a été employé pour la première fois par The Mob lors d’un concert avec SS Decontrol au A7. Les Bad Brains disaient ‘mash’, dans un patois jamaïcain. Quand on a joué au A7, un des kids de Boston a sorti – avec son accent bostonien très prononcé – « Mash it up ». A cause de son accent, on aurait dit qu’il disait « mosh ». On l’avait sur cassette mais la bande tournait tellement lentement qu’on pouvait à peine l’entendre. Après que ce kid ait dit ça, j’ai lancé « bon, bah je crois qu’on va devoir ‘mosher » – en se foutant de son accent. Voilà d’où vient l’expression « mosh it up », je le jure devant Dieu !

KEVIN CROWLEY (The Abused) : On allais souvent à McGrills dans le Bronx, le spot où le break dance est né. On trainait là-bas, avec nos dégaines de skinheads, pendant que ces mecs rappaeint. C’était l’époque où le break dancing était une pseudo-baston. Ils passaient leur temps à faire semblan de se provoquer. Personne ne nous a jamais emmerdé.

JIMMY GESTAPO (Cavity Ceeps, Murphy’s Law) : Dans certains coins de notre quartier, les mecs breakdancaient les uns contre les autres ; nous, on moshait les uns contre les autres. C’était à celui qui avait le plus de style, à l’opposé d’aujourd’hui, ou ce n’est plus que du ‘picking up change’ et des kicks de karate. Le but était d’essayer de danser tout en fonçant dans des mecs de D.C. ou de Boston, et de créer le pit le plus sauvage pour le groupe de sa ville. C’était comme supporter l’équipe de hockey de ton bled.

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KEVIN CROWLEY : Les pits étaient violents, mais personne ne participait dans le but de faire mal aux autres. Quand un connard se tenait sur le côté pour cogner ceux qui passaient, en général, c’est lui qui finissait amoché après le concert.

MIKE JUDGE (Death Before Dishonor, Youth Of Today, Judge) : A l’époque, ça paraissait violent parce que c’était physique, mais c’était encore de la danse.

GARY TSE TSE (Tse Tse Fly fanzine) : En 1984, il y a eu une incompréhension sur le fait que les gens se faisaient frapper aux concerts à New York. Il y a avait toute une polémique dans la rubrique courrier des lecteurs de Maximum Rocknroll. J’avais envoyé une lettre au magazine, qui fut publiée, où je disais « Écoutez, je suis un étranger avec des pics sur la tête, je vais au CBGB chaque dimanche aprem’ et je n’ai jamais eu de problème. Si un étudiant se pointe bourré et commence à vouloir se battre parce qu’il croit que c’est ce que tout le monde fait devant la scène, là ok, il se fera certainement botté le cul. »

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John Watson.

MIKE JUDGE : La façon dont John Watson, Diego, Jimmy et Harley bougeaient, c’était que du style. Aujourd’hui, ça ressemble juste à une énorme baston générale pour moi. Les mecs comme Diego étaient stylés, mais pouvaient aussi te fracasser s’ils te percutaient dans le pit. Jimmy avait ce truc, sorti de nulle part, où il se penchait en arrière et se retournait comme une toupie.

KEVIN CROWLEY : Chacun faisait son truc. John Watson de Agnostic Front avait vraiment du flair dans il était dans le pit. C’était plus une question de ressentir la musique et le mouvement. C’était cool de devenir taré sur un morceau avant que tu ne puisses plus respirer. Mon style était d’agiter les poings dans tous les sens. Tu ne pouvais pas danser comme ça dans une école de danse – ils t’auraient foutu en taule !


Harley Flanagan.

JOHN PORCELLY (Violent Children, Youth Of Today, Bold, Judge, Gorilla Biscuits, Shelter, Project X, Schism) : John Watson a inventé le cirlce pit, bordel de Dieu ! Sérieusement, c’était un des premiers mecs à mosher au lieu de slammer, et son style est devenu plus ou moins le style réglementaire du pit NYHC.

JOHN WATSON (Agnostic Front) : Je n’ai jamais personnellement affirmé ça, mais j’ai entendu d’autres le dire. Le fait est que j’étais plutôt mince et en forme quand j’étais jeune. Pendant l’un des premiers concerts d’Agnostic Front, j’ai sauté dans le pit, comme ça. A l’époque, la fosse était surtout une histoire de rafales de coudes et de rangers volantes, donc je me suis mis à ‘skanker’ autour de la fosse. Ensuite, d’autres mecs se sont mis à me suivre et à faire pareil. C’est parti de là. Après ça, Harley a commencé à grogner en me disant « c’est quoi cette merde en cercle qu’il y a pendant tous les concerts maintenant ? »

WALTER SCHREIFELS : Un des danseurs les plus durs était Jay Surface de Krakdown. Je me souviens d’un concert au Ritz, Jason moshait, et je me disais, ‘ce mec est un des types les plus flippants que j’avais vu de ma vie’. Plus tard on est devenus potes et j’ai pu me rendre compte qu’il était adorable. Il aurait probablement démonté la tête des gens pas d’accord avec lui, mais je pense qu’il personnifiait le NYHC, et c’était cool.

JOHN PORCELLY : Jason Krakdown. Quand il était dans le pit, tu ne pouvais pas ressortir sans accroc. Le mec était une montagne de brutalité pure.


Carl the Mosher, The Icemen.

ALEXA POLI-SCHEIGERT : On dansait plus dur et plus sauvage. Il y avait aussi un air de ballet. Carl the Mosher, qui est décédé il y a peu, était incroyable. Harley était incroyable. C’était comme un ballet pour moi. C’était génial. Ce n’était pas juste des gestes violents et non contrôlés comme ça l’est devenu avec les kids du metal plus tard. On avait du style et il était unique. Quand tu vois les kids aujourd’hui, ça n’a rien à voir. Quand je vais à des concerts et que je vois les gens danser, je me rends compte qu’ils n’y arrivent pas. Ce qu’ils font est un vague écho de cette époque, mais un écho très faible.

Extraits traduits provenant du livre NEW YORK HARDCORE 1980-1990 de Tony Rettman.
Photos : doublecrossxx.com

2 Commentaires

  1. The Regulator

    Même si les « chorégraphies » actuelles sont un peu ridicules et aseptisées, on dirait quand même une bande de vieux cons … jtiens aussi à dire que le « violent dancing » date pas d’hier, ça a commencé fin 80’s début 90’s, y’a même des videos live de Burn ou Supertouch où ça high-kick et mouline dans la fosse, comme quoi … bref même si y’a 2-3 détails intéressants, ça reste surement pas le meilleur article du bouquin.

  2. ROD

    Bah il faut dire que le bouquin dans son ensemble est relativement moyen aussi.