TOUS LES ARTICLES AVEC Charlie

Horizombre

« Au-delà du jeunisme de Canal+, nous pouvons voir sur nos écrans défiler l’après-midi des publicités traitant de baignoires sécurisées, de fuites urinaires et d’assurances obsèques. Nous vivons dans un monde idéologiquement dominé par l’âge, dans lequel les jeunes sont incités à se préoccuper de leur retraite avant même d’avoir trouvé un emploi. Bien loin d’avoir des vieux qui restent jeunes d’esprit, les sociétés les plus avancées fabriquent des jeunes programmés pour le vieillissement, qui veulent par exemple le plus vite possible acheter un logement – c’est un complément de retraite – et contribuent ainsi, en faisant monter les prix, à la diminution de leur propre surface habitable. Pour compléter le tableau, « l’État social des classes moyennes et des vieux » n’investit plus vraiment dans la construction de logements. LIRE LA SUITE

Sérieux ?

« Dans un merveilleux article consacré à la diversité des sciences sociales, le Norvégien Johan Galtung comparait, il y a plus de trente ans, les styles intellectuels anglo-saxon, germanique, français et japonais (Saxonic, Teutonic, Gallic et Nipponic selon sa propre terminologie). Il y évoquait l’intellectuel anglais ou américain, empirique, concepteur d’une multitude de pyramides de taille modeste, point trop abattu lorsque l’invalidité de l’une de ses petites constructions était démontrée. Il peignait l’intellectuel japonais comme un homme (ou une femme) pourvu(e) d’une roue mobile lui évitant un engagement trop fort dans un modèle trop défini, soucieux avant tout de ne pas oublier la complexité du monde. Il y décrivait l’intellectuel allemand, architecte d’une impressionnante pyramide unique, mais prêt à s’effondrer psychologiquement si la fausseté de son système était prouvée. Il en venait enfin à l’intellectuel français, bâtisseur comme l’Allemand d’une grande théorie, mais que Galtung représentait joliment comme un hamac tendu entre deux pôles, un système sous tension jamais pris complètement au sérieux par son auteur, lui-même pressé de fuir autour d’un bon déjeuner une discussion de fond. Écoutons Galtung : « Je pense que l’intellectuel allemand (Teutonic) croit vraiment ce qu’il dit, une chose que son équivalent français (Gallic) ne ferait jamais vraiment… L’intellectuel français (Gallic) aurait plutôt tendance à considérer son modèle comme une métaphore qui jette un peu de lumière sur la réalité mais ne devrait pas être prise trop au sérieux. » LIRE LA SUITE