« Dans la doctrine libérale, le marché se présente toujours, en effet, comme la seule instance de «socialisation» qui soit intégralement compatible avec la liberté individuelle dans la mesure où – se fondant sur le seul appel, axiologiquement neutre, au calcul rationnel et à l’intérêt bien compris – il n’exige, de la part des individus qu’il met en relation, aucun engagement moral ou affectif particulier ni, a fortiori, aucun contre-don.
Or c’est justement cette représentation fantasmatique (que la philosophie contemporaine – de Sartre à Luc Ferry – a souvent contribué à légitimer) d’un sujet supposé n’accéder à la liberté authentique (celle, en somme, que symbolise le self-made-man qui, par définition, ne doit rien à personne) qu’à partir du moment où – s’étant définitivement arraché à toutes ses «racines» et à toutes ses déterminations originaires – il va enfin pouvoir travailler à se reconstruire «librement» et dans son intégralité (guidé par le seul objectif stoïcien de ne plus jamais avoir à dépendre ni d’une quelconque région du globe, ni d’une culture ou d’une langue particulière, ni, d’une façon générale, d’aucun autre être humain que lui-même) que les fondateurs du socialisme ne cessaient de dénoncer comme le principe même du nouvel ordre capitaliste (cet « homme abstrait – écrivait, par exemple, Engels en 1845 – sans aucun lien avec le passé, alors que le monde entier repose sur le passé et l’individu aussi»).
Et c’est avant tout, parce qu’ils prenaient explicitement appui sur la théorie aristotélicienne de l’homme comme «animal politique» (il suffit de relire Marx et sa critique des «robinsonnades» du siècle des Lumières) que ces premiers socialistes s’étaient trouvés également capables, dès le début du XIXe siècle, de saisir sous l’éloge libéral de l’individualisme absolu et du déracinement intégral (déracinement qui rencontre l’une de ses conditions majeures dans la séparation moderne du producteur et de ses moyens de production) la véritable clé philosophique de cette dynamique révolutionnaire du capitalisme dont l’horizon ultime ne peut être, pour reprendre les formules du jeune Engels, que l’«atomisation du monde», la «guerre de tous contre tous» et la «désagrégation de l’humanité en monades dont chacune a un principe de vie particulier et une fin particulière» (et il est malheureusement à craindre que pour beaucoup de militants des «nouvelles radicalités» parisiennes, être de gauche, aujourd’hui, ne signifie plus rien d’autre qu’avoir à se mobiliser en toute circonstance – et si possible devant les caméras du système – pour défendre ce droit libéral de chaque monade isolée «à un principe de vie particulier et une fin particulière») »
Les mystères de la Gauche, Jean-Claude Michéa, 2013. (Éditions Climats)
Légende: Breaking Glass, Brian Gibson, 1980.
Mec putain, pourquoi tu cites Michea?
On est pas bien là? Hein Pourquoi tu cites cette merde sur pattes? T’as vus sa gueule?
Ca indique tout!
Ce connard va encore te faire son trick de sociologue avec son don-contredon. haha CHapeau, magique. Con et contrecon. Toujours pour retourner au con parce que tu lui prêtes sa règle.
Le déracinement c’est cool ! Et comme disait Jean Louis Costes « moi j’aime pas les gens qui ont des racines, ils ont des racines comme les salades, et moi les salades je les bouffe! »