« nous nous mettons nous-mêmes en travers de notre route. je suis mon propre bourbier. il faut que je sorte de moi. et cela ne se fait pas par des drogues ou quelconques expédients, ni par LSD comme beaucoup l’ont cru dans les années soixante, ni par la méditation, le mysticisme, ni par des actions politiques, ni par l’art, mais par la renonciation à une pratique de vie erronée.
en 1970, je me retrouvais dans un logement de 120 mètres carrés, ma vie en « petite famille » prit fin. j’avais quarante-cinq ans. le plaisir de l’art m’avait complètement quitté, assis seul dans l’appartement, il me paraissait absurde de bricoler quelqu’oeuvre artistique ou de projeter des actions. je n’étais pas un artiste qui se retire et qui peut se passer de vie et de communication, pour qui l’art satisfait à tous les besoins. je compris la non-valeur de l’art. je ne voulais pas rester sur la voie étroite de ce type de vie d’artiste. je m’étais toujours investi dans l’art pour prouver aux autres qu’il y avait en moi plus qu’un petit bourgeois misérable, à l’esprit étroit, rabougri par les circonstances. l’art signifiait pour moi surplus de vie, ambition d’une vie créative et libre que je ne savais comment réaliser. il ne peut y avoir d’art que là où les besoins fondamentaux sont satisfaits, l’art comme représentation de nouvelles conditions de vie. c’est cela le contenu du nouvel art, non comme contenu de lui-même, non comme produit de remplacement pour combler les lacunes de la vie, non comme consolation à une vie ratée. »
Sortir du bourbier, Otto Muehl, 2001. (Les Presses du Réel)
Légende: Otto Muehl, 1978.
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