Avant Rocky, John G. Avildsen a réalisé peut-être l’un des meilleurs films de 1970, Joe. Joe Curran c’est Peter Boyle, et sa putain de tête de freak. Joe travaille à l’usine et aime quand sa femme, lorsqu’il est attablé le soir prêt à manger son steak préféré, lui raconte ce qu’il s’est passé dans les séries télé qu’elle ne loupe jamais, et aussi les choses suspectes qu’elle a vu dans la rue par sa fenêtre. Ensuite, il descend à la cave astiquer ses armes. L’American Way of Life.
Un soir où il est au bar à conspuer tous les ennemis de son pays au cours d’un monologue à l’humour dévastateur, il se fait un nouveau pote. Celui-ci lui avoue, lorsqu’il finit son speech, qu’il vient d’en buter un, mais un quoi ? Et file avant qu’il n’ait eu le temps de lui payer une bière. Cet homme pressé c’est Bill Compton (Dennis Patrick), un homme d’affaires déboussolé. Pour cause, il vient de tuer un hippie. Le hippie c’est le copain de sa fille, qui elle, est à l’hôpital pour un accident de drogue. La fille, c’est Susan Sarandon.
Les jours passent, la neige tombe, l’Amérique dégénère un peu plus. Mais soudain, l’œil de Joe s’illumine. Ca fait la une du journal, on vient de retrouver un dealer mort, dans son appart miteux du Lower East Side. Joe fait le rapprochement direct et retrouve Bill qu’il joint à son bureau. A partir de maintenant, les deux ne vont plus se quitter. Héros malgré lui, Bill va devoir tout supporter sous peine d’être balancé. Enfin c’est ce qu’il croit. Bill, d’abord flippé parce que Joe sait, et Joe, ayant trouvé le justicier dans la ville qu’il fantasme mais qu’il n’est pas. La classe sociale va s’effacer pour laisser une entente mutuelle se créer.
Mais Melissa Compton s’échappe de l’hôpital et découvre le crime de son père. Double fuite. Bill et Joe s’allient alors et zonent dans tout Manhattan afin de la retrouver. Choc des mondes. Il s’infiltrent dans les bars de la contre-culture, scène mythique 1, et à l’aide de la cargaison volée au dealer, s’invitent à une party qui finit en orgie, scène mythique 2. Le final du film est un incroyable retournement de situation, en coup de feu. Cru, cruel, violemment drôle, la caricature du redneck face au « rêve hippie » capture l’époque comme jamais et est ici munie d’un scénario intelligent et d’un commentaire pertinent. JOE est un sacré morceau de ciné.
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