FRANCE98

« Quand vous êtes entendus dans l’affaire Festina, vous êtes plusieurs à confesser avoir pris de l’ecstasy le soir de votre expulsion du Tour en 98…
Ouais, on est à Brive-la-Gaillarde, tout va plutôt très mal et nous on va se mettre sur le toit, le soir… Je ne vais pas entrer dans les détails mais disons qu’on a vécu une sacré soirée. On a été au bout de notre histoire, fallait que ça finisse comme ça… Tôt ou tard, ça nous serait tombé sur la gueule, faut bien le dire, on avait atteint un niveau… On allait gentiment dans le mur. Après, il y a des tas de choses qui expliquent que ce soit tombé sur nous. Notre suprématie gênait beaucoup et forcément, la suspicion s’était installée. Ça n’a pas aidé qu’on soit tout le temps devant. Quand t’as huit Festina qui font le tempo et que derrière t’as huit ou dix mecs qui arrivent à suivre… » (…)

« Virenque a nié jusqu’au bout, et il vous en a voulu d’avoir tous craqué…
Quand t’es pas un bandit de grand chemin et que tu te retrouve en garde à vue, tu sais pas trop ce que ça veut dire, tu veux rentrer chez toi. T’as pas tué, t’as pas volé, t’as outrepassé une règle sportive qui est pénalement répréhensible, mais ça n’engageait que toi… Au final, c’est toi qui prenais les risques. On n’a mis personne en danger si ce n’est notre vie, notre santé. » (…)

« Ça veut quand même dire que tu donnais un peu ton corps à la science aveuglément…
Ouais, c’est vrai. On verra dans quelques années s’il y a des conséquences. Je ne me rendais pas compte à l’époque, et je pense que les copains non plus. On suivait les protocoles, on était en confiance, hein. On ne nous a jamais obligés, chez Festina, à prendre quoique ce soit. Cette question a été posée à Erwan Menthéour : « Si boire un verre de gasoil te permet de gagner le Tour de France, qu’est ce que tu fais ? » Il a répondu : « J’en bois deux pour en gagner deux. » Voilà, tout est résumé là. »

Christophe Moreau dans Pédale! #8, Été 2018.

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