DOGMAN (2018)

Marcello, toiletteur pour chiens dans la région de Naples (Caserte pour les puristes et les touristes), mène une vie de ptit pépère malgré un cadre de vie franchement morose, entre les pâtes bolo avec ses potes commerçants et les meilleurs amis de l’homme qu’il caresse dans le sens du poil. Divorcé et père d’une petite fille, il n’arrive pas vraiment à joindre les deux bouts. Pour nourrir leur passion commune, la plongée sous-marine, il s’occupe donc des narines du voisinage. Seulement quand Simoncino vient prendre sa dose quasi-journalière de cocaïne, il ne paye jamais, ou alors en muscles. La situation s’envenime et la brute épaisse en demande toujours plus jusqu’à braquer l’acheteur d’or voisin de Marcello. Virage tragique. Ne voulant pas dénoncer le truand qu’il croit son ami, Marcello, 40 kilos tout mouillé, purgera une peine d’un an à sa place. Matteo Garrone a la délicatesse de filmer à peine le séjour derrière les barreaux, comme quoi le réalisateur de Gomorra sait déjouer les clichés. Il sait aussi se défendre quand on lui demande pourquoi il n’a pas fait carrière aux États-Unis par exemple : « Les États-Unis sont très fermés par rapport au cinéma non états-unien. Et très invasif dans tous les autres pays avec leur cinématographie. Je n’aime pas cette attitude : il n’y a pas de tentative pour faire connaître à leur public un cinéma qui n’a pas été fait par eux. En revanche, ils rentrent dans les pays de manière tellement envahissante que je n’ai pas envie de devenir leur complice en travaillant pour eux. Je préfère rester chez moi et faire un cinéma qui ne cherche pas à s’homologuer. » Il préfère également utiliser « Italove » et BICEP en unique B.O. A sa sortie, Marcello n’a plus rien, ni appartement, ni alliés. Puisqu’on le traite comme un chien, il n’a plus qu’un seul choix : le devenir vraiment. La vengeance est un plat qui se mange froid, dans une gamelle en fer. Un film non-homologué donc, grave et léger à la fois, loin du manichéisme américain et proche d’un néo-réalisme à l’italienne qui fait que leur cinéma garde toujours ce supplément d’âme faisant souvent défaut au nôtre. Grosse déprime méditerranéenne et souffrance en sous-sol : un programme idéal pour cet été au thermostat beaucoup trop élevé.

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