TOUS LES ARTICLES AVEC Prison

Déprime-sur-Seine

DOGMAN (2018)

Marcello, toiletteur pour chiens dans la région de Naples (Caserte pour les puristes et les touristes), mène une vie de ptit pépère malgré un cadre de vie franchement morose, entre les pâtes bolo avec ses potes commerçants et les meilleurs amis de l’homme qu’il caresse dans le sens du poil. Divorcé et père d’une petite fille, il n’arrive pas vraiment à joindre les deux bouts. Pour nourrir leur passion commune, la plongée sous-marine, il s’occupe donc des narines du voisinage. Seulement quand Simoncino vient prendre sa dose quasi-journalière de cocaïne, il ne paye jamais, ou alors en muscles. La situation s’envenime et la brute épaisse en demande toujours plus jusqu’à braquer l’acheteur d’or voisin de Marcello. Virage tragique. Ne voulant pas dénoncer le truand qu’il croit son ami, Marcello, 40 kilos tout mouillé, purgera une peine d’un an à sa place. Matteo Garrone a la délicatesse de filmer à peine le séjour derrière les barreaux, comme quoi le réalisateur de Gomorra sait déjouer les clichés. LIRE LA SUITE

L’homme-loyer

« La vie elle-même est devenue le ‘locataire’ fiévreux de la grande ville. Le citoyen lui-même a perdu de vue le véritable but de l’existence humaine et il accepte des buts de substitution dans la mesure où son existence artificiellement grégaire s’oriente de plus en plus vers la promiscuité aveugle et aventureuse d’un animal rusé, une certaine forme de greffe, une quête fébrile du sexe pour se ‘reposer’ de la routine factuelle du tumulte mécanique des conflits mécaniques. En attendant, il s’efforce de maintenir artificiellement ses dents, ses cheveux, muscles et sève; il voit sa vue et son audition faiblir à force de travailler à la lumière artificielle ou de communiquer par téléphone; il se déplace à contre-courant ou au travers de la circulation au risque d’être blessé ou de mourir. Il gaspille régulièrement le temps des autres comme les autres gaspillent tout aussi régulièrement le sien car tous vont dans des directions différentes sur des échafaudages, des surfaces de béton ou sous terre pour entrer dans une autre cellule sous la dépendance de quelques autres propriétaires. LIRE LA SUITE

Tout entendre, tout voir, tout montrer

« Nietzsche disait qu’on peut mourir d’être immortel; mais maintenant ce qu’il faut dire c’est qu’on peut mourir d’être réel, et c’est tout le destin de notre monde de mourir d’être trop réel, d’être gavé de bien plus de réel qu’il n’en peut avaler et d’en mourir comme ce personnage des Fictions de Borgès, Ireneo Funes, qui meurt suffoqué, littéralement engorgé de mémoire, parce qu’il est atteint de l’étrange maladie de ne rien pouvoir oublier, jamais. Nous c’est un peu le contraire, nous oublions tout mais nous sommes obligés de tout voir, tout le temps, comme nous sommes obligés de tout entendre, nous sommes prisonniers de l’excès d’exhibition et de précision pornographiques, nous n’avons même plus le droit de détourner les yeux (ni les oreilles), ce serait une insulte à la confusion empathique des sentiments que commande la démocratie terminale pour que nous ne nous sentions plus jamais seuls. »

Festivus festivus, Philippe Muray, 2005.

LES COEURS VERTS (1966)



« Zim et Jean-Pierre, deux adolescents des HLM de Nanterre sont libérés en même temps de prison où ils ont été détenu pour des infractions mineures. Pour rejoindre leur banlieue, il leur faut passer par Paris qu’ils voient pour la première fois réellement, après la pression de l’enfermement. De retour dans leur famille, les deux jeunes hommes tentent de trouver un certain équilibre, de devenir des hommes. Jean-Pierre trouve un emploi; Zim, lui, retourne en prison. »

LIRE LA SUITE

MCVICAR (1980)

Après Tommy et Lisztomania de Ken Russell (le deuxième mec le plus cool d’Angleterre après Michael Winner), après Quadrophenia et le documentaire The Kids are Alright, The Who films present: l’oublié McVicar de Tom Clegg. Oublié car ce n’est pas vraiment un film musical et ce n’est pas vraiment The Who non plus, mais seulement Roger Daltrey parti dans un délire hard glam. Gueule de teigneux, molleton gris, adidas TRX – Daltrey a le parfait look de l’emploi LIRE LA SUITE

LA MANUFACTURE

J’ai découvert La Manufacture de Livres avec le roman « Classe dangereuse » de Patrick Grenier De Lassagne sorti en 2009, une virée dans l’univers loubard des années 70 au langage âprement étudié. Depuis, La Manuf’ enquille 10 ouvrages à l’année et revendique déjà un catalogue de 50 références, avec d’un côté la fiction, de l’autre le document, et au milieu: toujours le Milieu. Histoires de gendarmes, de voleurs, enfin surtout de voleurs, tueurs, braqueurs, évadés, solitaires, gangs, ou mafias… Des parcours retracés avec une plume toujours sèche et précise, dans des polars d’écrivains chevronnés aux récits « témoignage ». Certains tomes ont fait date comme la somme « Caïds Story » de Jérôme Pierrat, « Guillotine sèche » de René Belbenoît ou plus récemment « Gangs Story », et les photos de Yan Morvan, qu’on a pu retrouvé un peu partout dans la presse. La fascination pour ces mondes parallèles et ces vies dangereuses semble intarissable. Symptomatique de l’époque ? Pas si sûr. En tous cas, c’est tout bon pour La Manufacture qui continue à consolider son stock d’archives dressant un panorama de plus en plus éloquent et éduquant autour du crime en France, durant le 20ème siècle, et au-delà. On dirait que c’est déjà le moment de faire le bilan; Pierre Fourniaud, le taulier, est demandé au parloir.
LIRE LA SUITE