TOUS LES ARTICLES AVEC Philippe Muray

Réappropriation !

« …je voudrais une nouvelle fois m’arrêter sur ce stéréotype de la réappropriation de la cité, véritable psittacisme que les nervis dada de la Mairie de Paris, mais pas seulement eux, ont sans cesse au bec. Récemment, dans un quotidien, on parlait d’inciter les gens à « se réapproprier les points d’accès public à l’Internet sans fil », c’est-à-dire le réseau wi-fi, comme si quelque chose qui vient seulement d’apparaître pouvait déjà avoir été méchamment dérobé et qu’il fallait partir à sa reconquête. Qu’est-ce que c’est que cette affaire de réappropriation générale et de réappropriation de Paris en particulier ? LIRE LA SUITE

Tout entendre, tout voir, tout montrer

« Nietzsche disait qu’on peut mourir d’être immortel; mais maintenant ce qu’il faut dire c’est qu’on peut mourir d’être réel, et c’est tout le destin de notre monde de mourir d’être trop réel, d’être gavé de bien plus de réel qu’il n’en peut avaler et d’en mourir comme ce personnage des Fictions de Borgès, Ireneo Funes, qui meurt suffoqué, littéralement engorgé de mémoire, parce qu’il est atteint de l’étrange maladie de ne rien pouvoir oublier, jamais. Nous c’est un peu le contraire, nous oublions tout mais nous sommes obligés de tout voir, tout le temps, comme nous sommes obligés de tout entendre, nous sommes prisonniers de l’excès d’exhibition et de précision pornographiques, nous n’avons même plus le droit de détourner les yeux (ni les oreilles), ce serait une insulte à la confusion empathique des sentiments que commande la démocratie terminale pour que nous ne nous sentions plus jamais seuls. »

Festivus festivus, Philippe Muray, 2005.