Les Pourceaux de l’Université

« quand brus nous rejoignit, il résultat de notre travail en commun ce qu’on nomme aujourd’hui l’actionnisme viennois. peter weibel, rudolf shwarzkogler et ossi wiener qui lui, venait de la littérature – participèrent à ce mouvement artistique en certaines occasions. nos chemins se sont séparés par la suite, nitsch est resté artiste actionniste alors que brus s’est fait un nom important comme dessinateur, et moi j’ai fait entrer l’actionnisme dans ma vie. en 1968 ce fut l’apogée de ce mouvement. brus, wiener et moi-même fûmes arrêtés après une action à l’université de vienne. nous restâmes deux mois en prison préventive. wiener fut acquitté. au cours de l’action, il avait tenu un discours sur les ordinateurs, moi j’avais organisé des jeux d’enfants, secouant des bouteilles de bière, criant: ah, ah, et faisant gicler la bière. un jeune poète a lu des extraits de romans pornographiques pendant que je le frappais, avec son consentement, à coups de lanières de cuir. brus était le plus radical. debout sur la table de conférence, il s’est chié dans la main en chantant l’hymne national autrichien. la représentation eut un effet surprenant. le professeur pittioni, qui y assistait, qui m’avait fait passer un examen en 1952, et qui semblait être un homme raisonnable se précipita hors de la salle, se jeta en pleurant au coup d’un assistant en sanglotant: « quelle honte, quelle honte, c’est insupportable. » le ministre de l’éducation nationale s’écria, pathétique: « j’ai honte d’être autrichien ! »

Chaque jour il y avait de gros titres dans la presse. l’expression « pourceaux de l’université » resta dans les mémoires. je reçus beaucoup de lettres d’admirateurs, souvent sur du papier toilette utilisé. nous avions touché – surtout brus avec son action – au plus profond de l’âme populaire autrichienne. c’était tout simplement magnifique de voir comment « l’homme de la petite famille » autrichienne se démasquait par cette réaction. mais à quoi cela nous servait-il, il ne le remarquait pas. et pour nous cela devenait petit à petit dangereux. »

Sortir du bourbier, Otto Muehl, 2001. (Les Presses du Réel)
Légende: Siegfried Klein, 1968.

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