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Nuisibles et Pervers

« Le droit s’est substitué à la psychiatrie pour différencier les « paraphiles » autorisés des « paraphiles » sociaux, c’est-à-dire ceux dont les actes tombent sous le coup de la loi : violeurs, pédophiles, assassins, maniaques, criminels sexuels, exhibitionnistes, violeurs de sépultures, harceleurs. Sont également assimilés à cette catégorie de « déviants » ou de « délinquants » tous ceux qui, bourreaux et victimes d’eux-mêmes et des autres, troublent l’ordre public en portant atteinte, par leur comportement nihiliste et dévastateur, à l’idéal véhiculé par le biopouvoir : homosexuels nomades infectés par le virus du sida et jugés coupables de le transmettre par refus de toute protection, adolescents délinquants récidivistes, enfants dits « hyperactifs », agressifs, violents, échappant à l’autorité parentale ou scolaire, adultes obèses, dépressifs, narcissiques, suicidaires, volontairement rebelles à tout traitement. LIRE LA SUITE

L’envers puritain

« D’une manière plus générale, on peut dire que c’est par l’identification à l’idéal d’une fétichisation mondialisée du corps et du sexe des humains et des non-humains, et à travers la prévalence généralisée d’un effacement de toutes les frontières – l’humain et le non-humain, le corps et la psyché, la nature et la culture, la norme et la transgression de la norme, etc. – que la société mercantile d’aujourd’hui est en train de devenir une société perverse. Autant d’ailleurs par la diffusion d’images que par l’instauration d’une pornographie virtuelle, policée, propre, hygiéniste, sans danger apparent. Cette société est plus perverse en quelque sorte que les pervers qu’elle ne sait plus définir mais dont elle exploite la volonté de jouissance pour mieux ensuite la réprimer. Quant aux théories antispécistes sur la libération animale, comme de nombreuses autres du même genre, qui parodient l’idéal du progrès et des Lumières, elles ne sont que l’envers puritain de la face visible de cette pornographie domestiquée. »

La part obscure de nous-mêmes, Elisabeth Roudinesco, 2007.
Légende : Der Freie Wille, Matthias Glasner, 2006.