Première fois à Bercy (qui s’appelle l’AccorHotel Arena depuis 2015). Premier concert de Depeche Mode. Et première partie assurée par un trio chinois gentiment infernal, Re-TROS. Toujours se méfier des groupes à tiret. Aller voir un groupe que l’on écoutait étant enfant et choisir de faire face à son vrai public actuel, c’est une prise de risque. Et la désillusion peut être grande pour ceux qui ne s’y sont pas préparés. « Rien à foutre, ils sont nuls depuis le départ de Vince Clarke/ils sont nuls depuis le départ d’Alan Wilder »… Certes. Vous repensez à ces phrases à la vision du logo Peace & Love sur leur batterie, durant la publicité de leur partenariat avec la marque de montre Hublot et leur campagne d’approvisionnement des pays pauvres en eau ainsi qu’à la vue de cette Ola, lancée par un public impatient et jugeant utile de manifester leur allégresse sur « Revolution » des Beatles. A la question : Depeche Mode sont-ils vraiment de gauche ? La réponse est désormais claire.
Cette dose de fanatisme qui enveloppe ces grands groupes effraie parfois et interroge sur l’esprit critique : Dave Gahan pourrait chier dans la bouche de Martin Gore sur scène (ce qui doit sûrement se passer en coulisse) que le public applaudirait (Rammstein l’a déjà fait ? Ok). Ça n’ira pas jusque là mais Gahan frise toujours l’incorrection lorsqu’il passe de longues secondes le paquet en main, fixant des victimes potentielles au milieu de la fosse, ou lorsqu’il se frotte langoureusement au pied du micro. Il est toujours aussi malsain, une sorte de combo maléfique entre Benoït Poelvoorde et John Waters. Et surtout, il danse toujours aussi bien que dans 101. A gauche, Martin Gore est toujours aussi fragile, le groupe le laisse interpréter quelques morceaux en acoustique, dont on se serait volontiers passé. A droite, Andrew Fletcher est stoïque depuis 35 ans, le mec n’en branle pas une, et se contente de porter des lunettes noires. Au moment de saluer l’assemblée à la fin, il ne se baisse même pas, pas une goutte de sueur ne perle. Sa retraite est toute assurée dans Kraftwerk. Bref, on a à faire à des Stars80, des vrais.
Revenons au public et à la meilleure phrase de la soirée : « Je suis là depuis une heure donc ne me bousculez pas s’il vous plaît. » C’est donc ça les concerts de fonctionnaires. Les comités d’ entreprise n’ont pas trop fait tourner cela dit parce que la partie loges reste clairsemée. En revanche, le reste de la salle dégueule de gens. DM bourre Bercy. Deux soirs d’affilée. Boum. Et même si les torches d’iPhone ont désormais remplacé les briquets, la passion est intacte et fédère les masses. Le set commence sur le single de leur dernier album, Spirit, plus bon que mauvais. Sirènes, prédisant de quelques heure la mort de Johnny, et Gahan revient à l’endroit en rappant du Grandmaster Flash sur « Barrel of a Gun ». Allez ! Le remix de « A Pain I’m Used To », sans doute leur meilleur morceau des années 2000, met tout le monde d’accord et lance enfin la fête (bien loin d’une foire à la saucisse). Évidemment, ceux qui haïssent l’album Ultra comme moi ont pu rester sur leur faim, mais la dose de Violator était au rendez-vous, même si le break carnavalesque de « Enjoy the Silence » était digne d’un moment U2 – on aurait même pu imaginer Carla Bruni débarquer. 2 heures de concerts, un VJ en roue libre, et des mecs qui n’ont pas peur de suer dans leur cuir pailleté (sauf Fletcher donc). Je serai prêt à faire abstraction de la sueur parfum weed et du personnel de l’Arena qui n’ouvre qu’une sortie à la fin pour recommencer.
SETLIST 05/12/2017
Going Backwards
It’s No Good
Barrel of a Gun
A Pain That I’m Used To
Useless
Precious
World in My Eyes
Cover Me
Sister of Night
Home
In Your Room
Where’s the Revolution
Everything Counts
Policy of Truth
Enjoy the Silence
Never Let Me Down Again
Judas
Walking in My Shoes
A Question of Time
Personal Jesus
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