Disney über alles

« À l’origine du Roi Lion en comédie musicale, il y a le succès du film qui en trois ans de distribution, salles, home video et produits dérivés inclus, a rapporté près d’un milliard de dollars. « Eisner savait que les industries créatives doivent constamment se renouveler. Il ne voulait pas que Disney devienne un musée, il fallait donc se réinventer chaque jour. C’est pour cette raison, puisque j’avais fait le film pour Disney, qu’il m’a finalement donné le feu vert pour emmener Le Roi Lion à Broadway », explique Schumacher. Qui s’engage dans l’aventure avec les moyens financiers que l’on imagine. Pour expérimenter le projet, Disney débloque immédiatement 34 millions de dollars. Deuxième étape : le rachat d’un célèbre théâtre de la 42e rue, l’Amsterdam, un bijou d’architecture Art nouveau datant de 1903, avec ses peintures murales allégoriques, ses frises et ses mosaïques, peu à peu tombé à l’abandon à mesure que les sex-shops, la prostitution, la drogue et les gangs ont envahi la rue.

Tout de suite, Schumacher a vu le problème : comment faire venir les familles entre le film porno Deep throat et les revendeurs de crack ? Troisième étape : assainir le quartier. Disney s’allie avec le maire républicain de New York, célèbre pour le concept de « tolérance zéro » afin de revitaliser Broadway avec un volet policier, un volet économique et un volet entertainment familial. Tous les sex-shops sont fermés par arrêté municipal, de grands magasins touristiques sont ouverts à coups de subventions publiques (dont le plus grand Virgin Megastore au monde, un magasin Gap, et un immense hôtel Marriott) et les sièges sociaux de grandes multinationales de l’entertainment et de chaînes de télévision sont accueillis en échange de déductions fiscales. Du coup, Disney devient la mascotte de l’opération, avec ce que son seul nom apporte à la cause familiale et à l’hygiène calculée du nouveau Times Square. »

Main­stream, Frédéric Mar­tel, 2010/2012.

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