UNE VIE VIOLENTE (2017)

Non, Une vie violente n’est pas une comédie romantique ou un film de mœurs français comme il en pleut tant, et comme pouvait nous laisser présager l’affiche. Le mariage dont il est question ne prend d’ailleurs que quelques minutes du film, et est juste là pour montrer que même dans les moments de pure allégresse, la Faucheuse n’est jamais loin et frappe qui elle veut, quand elle veut, et où elle veut, pour reprendre un infameux flyer de l’OAS. Ici c’est pas l’Algérie mais la Corse, et le combat des militants nationalistes du FLNC, défendant leur putain d’île contre la main-mise de l’État Français et la main noire de la Mafia, ne se fait évidemment pas sans casser quelques œufs et briser quelques vies. Guerre civile ? Pour eux oui. Certains s' »engagent » par conviction, par tradition, d’autres pour les affaires, ou pour suivre les copains, mais tous se retrouvent mouillés à un moment ou un autre et la marche arrière n’est plus possible.

Le deuxième long-métrage de Thierry de Peretti suit la trajectoire de Stéphane (Jean Michelangeli), un aspirant-avocat de Bastia qui, pétri d’une rage adolescente indomptable (certaines citations un poil didactiques l’attestent), va passer de la délinquance à la radicalisation (LA phrase de 2015), gravir les échelons de l’organisation à l’idéologie parfois flottante et sera finalement envoyé à Paris. Protégé mais déraciné, sa lutte devenue interne le poussera à revenir sur ses terres, au grand dam de sa mère, pour assister à l’enterrement d’un des siens. Suicide ? Fin.

Peretti choisit comme dans Les Apaches, des acteurs amateurs, du peuple pour le peuple, avec des GUEULES et un accent à couper à la Kalash (mention spéciale à Henri-Noël Tabary, Cédric Appietto et l’incroyable homme-aigle Paul Garatte), des acteurs qui se laissent parfois aller le plus naturellement possible, tout comme le réal qui nous surprend encore une fois en calant du Slowdive en intro, comme il avait illustré une pool party au son de Molly Nilsson dans son teen movie de 2013. Le footage vintage d’affrontements entre militants et forces de l’ordre ajoute un cachet rétro, tout comme les sapes de hooligans anglais de la plupart des protagonistes – on est dans les années 90 pour rappel. Quant aux attentats ou tentatives de, la vérité de l’histoire leur permet d’éviter le grotesque du Nocturama de Bonello. Sans jamais en faire trop, Une vie violente (pourquoi pas une référence au roman de Pasolini après tout) tape là où il faut et, bordel, un peu de substance dans le cinéma hexagonal ne fait pas de mal.

Comments are closed.