BRAT (1997)

Danila, ancien soldat en Tchétchénie, assiste à la décrépitude de la Russie post-URSS, 5 ans après la chute de l’empire. Rien à dire, rien à foutre. Il hait tout ce qui vient des USA, et surtout la musique, sa meuf du moment est d’ailleurs « chanteuse » de dance, alors que lui est branché sur Nautilus Pompilius, un groupe de rock russe qui constitue toute la bande-son surréaliste du film. Pas gagné. Malgré tout ça, Danila est extrêmement relaxe, voire même stoïque. Sa vieille mère le tanne, et il rend donc visite à son frère Viktor à Saint-Pétersbourg pour faire de l’oseil. Connu sous le blase « Le Tartare », Viktor est nettoyeur et ne fait jamais de bavure. Le cadet zone, zone dans la ville, et tombe fatalement dans la criminalité.

Doué pour les armes et les meurtres de sang-froid, Danila avec son code d’honneur infaillible va vite prendre la relève de son frère, plus vraiment dans le coup. C’est l’assassinat de Chechen, un mafieux local, qui va réellement semer la merde dans les mondes souterrains de la ville. Sans un rythme fou, sans budget, le film inspiré du cinéma hollywoodien de l’époque s’en sert pour dénoncer leur pays désormais « couché devant le capitalisme », et ça vaut de bonnes scènes comme cette fête pleine de drogues et d’incompréhension, des fusillades exagérées, des quiproquos, un fanatique nazi enfermé dans son bunker, en gros, un panorama socio-culturel de la Russie des 90’s sous fond de film criminel musclé et malin. Classique instantané.

La suite, Brat 2, toujours réalisée par Aleksey Balabanov, est un habile retournement de situation. C’est désormais Danila, avec l’expérience et la planque (il vit avec un pote à Moscou, face au Kremlyn, dans un musée à l’abandon), qui va envoyer son frère aux USA pour régler un contrat. Il faut venger un des leurs tué par un traître, et les ficelles sont évidemmen tirées par un agent des États-Unis. Caricature inversée, camion américain, putes et macs, Chicago, New-York; les soviets découvrent les nouveaux maîtres du monde et ça défouraille dans tous les sens, même si le film est presque aussi bancal que le premier volet ! Tout est tourné en hiver, rouille, grisaille et humidité. Attention : dialogues et scènes de rue sans compromis.


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