TOUS LES ARTICLES AVEC Georges Bernanos

Hélas !

« Je l’ai écrit. Je l’écrirai encore : la guerre qui vient ne sera rien d’autre qu’une crise d’anarchie généralisée. Puisqu’il s’agit simplement de dépeupler un continent qui compte trop de bras, trop de mains pour la perfection de sa machinerie, rien n’oblige plus à user de moyens aussi coûteux que l’artillerie. Lorsqu’un petit nombre d’espions ravitaillés par les laboratoires et menant de ville en ville une confortable existence de touristes, suffiront à réduire de cinquante pour cent la population, en développant la peste bubonique, généralisant le cancer et empoisonnant les sources, appellerez-vous ça aussi la guerre, hypocrites ? Les décorerez-vous de la Croix de Saint-Louis ou de la Légion d’honneur, vos courtiers en morve et en choléra ? Pas même moyen de fêter l’Armistice, puisqu’il n’y aura pas plus d’armistice qu’il n’y aura eu de déclaration de guerre, les gouvernements protestant la main sur le cœur, de leur volonté pacifique et jurant leurs grands dieux qu’ils ne sont absolument pour rien dans ce curieux déchaînement d’épidémies. Sans doute, je traduis votre pensée intime en images dont la banalité vous irrite et contre lesquelles vous pouvez vous défendre. (…)

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Je suis la haie et l’eau noire

« Il n’y a rien de plus sot qu’un journal, du moins aussi longtemps que son auteur vit. Je n’ai jamais été découragé par la niaiserie, tout ce qu’on écrit de sincère est niais, toute vraie souffrance a ce fond de niaiserie, sinon la douleur des hommes n’aurait de poids, elle s’envolerait dans les astres. Que dire encore ? Si vous voulez souffrir tout seul, taisez-vous. Sinon n’allez pas chercher, sous prétexte de sympathie votre propre souffrance dans le cœur d’autrui avec une pince à sucre, en fronçant le nez, comme ce pauvre M. de Montherlant, d’un air de dire qu’on n’a pas faim, qu’on fait semblant, par politesse, qu’on a pris l’habitude, dans son enfance, d’une nourriture plus distinguée. Je sais cela, n’importe. Je sais aussi que je ne suis plus sûr de ceux pour lesquels j’écris, plus sûr du tout de trouver le chemin de leur tristesse ou de leur joie. Alors, à quoi bon ? Je n’aurais pas honte de les prier de me consoler, car bien que je ne sois pas affamé de consolation d’un pape ou qu’un cardinal, je ne serais pas assez fou pour repousser leur aumône. Mais la vie m’enseigne que nul n’est consolé en ce monde qui n’ait d’abord consolé, que nous ne recevons rien que nous n’ayons d’abord donné. Entre nous, il n’est qu’échange, Dieu seul donne, lui seul. LIRE LA SUITE

Les jeunes avec Bernanos !

Une enquête à lire dans le #25 de Gonzaï.

La liberté, pour quoi faire ?

« À l’heure actuelle, je ne connais pas de système ni de parti auquel on puisse confier une idée vraie avec le moindre espoir de la retrouver intacte, le lendemain, ou même simplement reconnaissable. Je dispose d’un petit nombre d’idées vraies, elles me sont chères, je ne les enverrai pas à l’Assistance publique, pour ne pas dire à la maison publique, car la prostitution des idées est devenue dans le monde entier une institution d’État. Toutes les idées qu’on laisse aller toutes seules, avec leurs natte sur le dos et un petit panier à la main comme le Chaperon Rouge, sont violées au premier coin de rue par n’importe quel slogan en uniforme. Car tous les slogans sont en uniforme, tous les slogans appartiennent à la police. »

La liberté pour quoi faire ?, Georges Bernanos, 1947.
Légende: Mephisto, István Szabó, 1981.