TOUS LES ARTICLES AVEC Police

SHOOT IT BLACK, SHOOT IT BLUE (1974)

Il était une fois, il y a 50 ans…

La culture du bla-bla

« Elle parlait à tort et à travers. Elle fait partie de cette culture débile du bla-bla. De cette génération qui est fière de son manque de profondeur. Tout est dans la sincérité du numéro. Sincère, mais vide, totalement vide. C’est une sincérité qui part dans tous les sens, une sincérité pire que le mensonge, une innocence pire que la corruption. Quelle avidité ça cache, cette sincérité, et ce jargon ! Ce langage extraordinaire qu’ils ont tous, et on dirait qu’ils y croient, quand ils parlent de leur manque de valeur, alors qu’en disant ça ils estiment au contraire avoir droit à tout. Cette impudence qu’ils baptisent faculté d’amour, l’avidité brutale qu’ils camouflent sous la prétendue « perte de leur estime de soi ». Hitler aussi manquait d’estime de soi. C’était son problème. L’arnaque que ces jeunes ont montée ! Cette mise en scène de la moindre émotion. Leurs « relations ». Ma relation. Il faut que je clarifie ma relation. Dès qu’ils ouvrent la bouche, j’ai envie de grimper aux rideaux. Tout leur discours est un florilège des conneries qui ont traîné ces quarante dernières années. La clôture narrative. Autre cliché, tiens. Mes étudiants n’arrivent pas à maîtriser leur pensée. La clôture narrative ! Ils sont polarisés sur le récit conventionnel avec commencement, milieu et fin – toute expérience ambiguë qu’elle soit, si épineuse, si mystérieuse, doit se prêter à ce cliché de présentateur télé normatif et bien-pensant. Le premier qui me parle de clôture narrative, je vous le recale. Je vais leur en donner, moi, de la clôture narrative, leur chapitre est clos. » LIRE LA SUITE

Un bon flic est un flic con

« Tout est fait pour éviter aux gens de se faire agresser dans la rue, mais être ainsi jeté dans la précarité sans espoir de retrouver un emploi – et une place dans la cité – est bien plus terrible que de prendre un coup de poing dans la gueule. Dans ce domaine, oui : je trouve notre société d’une violence insupportable.

Mais qu’on ne s’y méprenne pas : les flics sont des auxiliaires de justice, pas de morale. La frontière entre le bien et le mal est bien trop ténue, poreuse ou élastique pour que je sois capable d’être catégorique dans ce domaine. Et les poulets ne sont pas des saints, je le sais bien. Certes, la finalité de leur action est bonne, mais les méthodes pour y parvenir sont parfois borderline. Néanmoins, la situation aujourd’hui est plus clean qu’elle ne le fut. Pourquoi ? Parce que, selon moi, les flics sont moins audacieux, je n’ose dire moins courageux.

En effet, les officiers de police ne sont plus recrutés en fonction de leur motivation mais de leur niveau d’instruction. La culture générale, qui ne sert à rien pour être un bon flic sur le terrain, est ainsi devenue une épreuve essentielle pour être admis dans l’encadrement policier. Conséquence : les 30 ou 40 candidats retenus parmi 4000 postulants seront cultivés, mais ça ne garantit pas – à mes yeux – que ce seront de bons flics. »

Des deux côtés du miroir : itinéraire d’un flic pas comme les autres, Jean-Marc Bloch, 2015.
Légende : Parole de flic, 1985

La liberté, pour quoi faire ?

« À l’heure actuelle, je ne connais pas de système ni de parti auquel on puisse confier une idée vraie avec le moindre espoir de la retrouver intacte, le lendemain, ou même simplement reconnaissable. Je dispose d’un petit nombre d’idées vraies, elles me sont chères, je ne les enverrai pas à l’Assistance publique, pour ne pas dire à la maison publique, car la prostitution des idées est devenue dans le monde entier une institution d’État. Toutes les idées qu’on laisse aller toutes seules, avec leurs natte sur le dos et un petit panier à la main comme le Chaperon Rouge, sont violées au premier coin de rue par n’importe quel slogan en uniforme. Car tous les slogans sont en uniforme, tous les slogans appartiennent à la police. »

La liberté pour quoi faire ?, Georges Bernanos, 1947.
Légende: Mephisto, István Szabó, 1981.

LA GUERRE DES POLICES (1979)

Il semblerait que ce film de Robin Davis, épaulé par le fameux Jean-Pat Manchette, soit le véritable déclencheur de toute la mouvance Polar80 qui va déferler par la suite, et dont vous allez réentendre parler. C’est à dire, dans les grandes lignes : des flics malpolis en jean, de la griffe américaine et du chewing-gum, de la violence verbale et physique contre les étrangers, les femmes, les pédés, des scènes de nuit à Pigalle la blanche, des scènes de nu à Invalides, des viols soft, l’action avant l’art, des numéros d’acteurs français en roue libre, des scènes de restaurant avec des baguettes, des héros qui sexent sur du saxo, des « casse-tôi », des loulous, des motos, des couteaux, et encore bien d’autres choses à découvrir tout au long de la décennie Mitterrand. LIRE LA SUITE