TOUS LES ARTICLES PHILOSOPHIE

Nuisibles et Pervers

« Le droit s’est substitué à la psychiatrie pour différencier les « paraphiles » autorisés des « paraphiles » sociaux, c’est-à-dire ceux dont les actes tombent sous le coup de la loi : violeurs, pédophiles, assassins, maniaques, criminels sexuels, exhibitionnistes, violeurs de sépultures, harceleurs. Sont également assimilés à cette catégorie de « déviants » ou de « délinquants » tous ceux qui, bourreaux et victimes d’eux-mêmes et des autres, troublent l’ordre public en portant atteinte, par leur comportement nihiliste et dévastateur, à l’idéal véhiculé par le biopouvoir : homosexuels nomades infectés par le virus du sida et jugés coupables de le transmettre par refus de toute protection, adolescents délinquants récidivistes, enfants dits « hyperactifs », agressifs, violents, échappant à l’autorité parentale ou scolaire, adultes obèses, dépressifs, narcissiques, suicidaires, volontairement rebelles à tout traitement. LIRE LA SUITE

L’envers puritain

« D’une manière plus générale, on peut dire que c’est par l’identification à l’idéal d’une fétichisation mondialisée du corps et du sexe des humains et des non-humains, et à travers la prévalence généralisée d’un effacement de toutes les frontières – l’humain et le non-humain, le corps et la psyché, la nature et la culture, la norme et la transgression de la norme, etc. – que la société mercantile d’aujourd’hui est en train de devenir une société perverse. Autant d’ailleurs par la diffusion d’images que par l’instauration d’une pornographie virtuelle, policée, propre, hygiéniste, sans danger apparent. Cette société est plus perverse en quelque sorte que les pervers qu’elle ne sait plus définir mais dont elle exploite la volonté de jouissance pour mieux ensuite la réprimer. Quant aux théories antispécistes sur la libération animale, comme de nombreuses autres du même genre, qui parodient l’idéal du progrès et des Lumières, elles ne sont que l’envers puritain de la face visible de cette pornographie domestiquée. »

La part obscure de nous-mêmes, Elisabeth Roudinesco, 2007.
Légende : Der Freie Wille, Matthias Glasner, 2006.

Welcome to Paul Chain

Paolo Catena, maggiormente noto col nome d’arte Paul Chain (Pesaro, 27 giugno 1962), è un musicista, produttore discografico e pittore italiano, attivo, per quanto riguarda la carriera musicale, prima come chitarrista e organista nel gruppo metal Death SS e in seguito come cantante e polistrumentista solista. Per un breve periodo fu anche membro dei Boohoos, band garage rock marchigiana.

PAUL CHAIN VIOLET THEATRE – Occultism (1984) Detaching from Satan EP

PAUL CHAIN VIOLET THEATRE – Never Cry (1986) Highway to Hell EP

PAUL CHAIN VIOLET THEATRE – In The Darkness (1986) In the Darkness

PAUL CHAIN VIOLET THEATRE – Bath-chair’s Mary (1987) Opera 4th

PAUL CHAIN – Dedicated to Jesus (1989) Violet Art of Improvisation

PAUL CHAIN – Violence of the Sun (1991) Les Temps du Grand-Frère EP

PAUL CHAIN – Sand Glass (1995) Alkahest

La liberté, pour quoi faire ?

« À l’heure actuelle, je ne connais pas de système ni de parti auquel on puisse confier une idée vraie avec le moindre espoir de la retrouver intacte, le lendemain, ou même simplement reconnaissable. Je dispose d’un petit nombre d’idées vraies, elles me sont chères, je ne les enverrai pas à l’Assistance publique, pour ne pas dire à la maison publique, car la prostitution des idées est devenue dans le monde entier une institution d’État. Toutes les idées qu’on laisse aller toutes seules, avec leurs natte sur le dos et un petit panier à la main comme le Chaperon Rouge, sont violées au premier coin de rue par n’importe quel slogan en uniforme. Car tous les slogans sont en uniforme, tous les slogans appartiennent à la police. »

La liberté pour quoi faire ?, Georges Bernanos, 1947.
Légende: Mephisto, István Szabó, 1981.

L’emploi du Temps

« Si, du moins, on pouvait se persuader que le temps n’existe pas, qu’il n’y a aucune différence entre une minute et plusieurs heures, entre un jour et trois cents jours, et qu’on est ainsi de plain-pied partout ! Ce qui fait tant souffrir, c’est la limite et la limite succédant toujours à la limite. Notre âme captive dans un étroit espace n’en sort que pour être enfermée dans un autre espace non moins exigu, de manière que toute la vie n’est qu’une série de cachots étouffants désignés par les noms des diverses fractions de la durée, jusqu’à la mort qui sera, dit-on, l’élargissement définitif. Nous avons beau faire, il n’y a pas moyen d’échapper à cette illusion d’une captivité inévitable constituée successivement par toutes les phases de notre vie qui est elle-même une illusion. »

Méditations d’un solitaire, Léon Bloy, 1916.
Légende: L’Emploi du Temps, Laurent Cantet, 2001.

Baudelaire la baudruche

« Tenez, rouvrons les Fleurs du Mal. Voici l’Homme et la Mer. Rassurez-vous, je me bornerai à en lire le premier vers : Homme libre, toujours tu chériras la mer. Affirmation péremptoire et gratuite. Un homme libre peut très bien détester la mer. Voyons maintenant les Chats. Le sonnet commence ainsi : Les amoureux fervents et les savants austères – Aiment également en leur mûre saison — Les chats puissants et doux… Je vous le demande, pourquoi les amoureux et les savants aimeraient-ils nécessairement les chats et pourquoi en leur mûre saison ? LIRE LA SUITE

Le confort intellectuel

« Il se peut que le confort passe pour un privilège de la bourgeoisie. Et après ? Il n’y a là rien qui le condamne. Il me semble que si je me présentais à la députation dans un quartier ouvrier, mon premier soin serait de promettre aux citoyens le confort matériel. Je ne crois pas que les candidats en usent jamais autrement. Et si, après avoir promis à mes futurs électeurs le confort matériel, je leur promettais le confort intellectuel, ils n’auraient pas lieu d’être froissés ni mécontents, au contraire. En fait, je n’irai jamais solliciter les suffrages de la classe ouvrière. Elle m’inspire bien sûr des sentiments chrétiens, mais assez proches de l’indifférence. Pourquoi ne le dirais-je pas, puisque c’est la vérité ?
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Tout ce qui est gentil est menteur.

« Avec Machiavel, on quitte l’antique et le médiéval et on entre de plain-pied dans la belle désilluse… La politique est quand même plus compliquée qu’un excès de bile, constate le Florentin. Elle est une technique pointue de jonglerie avec des tas de paramètres, et l’homme de gouvernement doit avoir les yeux en face des trous. Faut arrêter les contes de fées… Le politique ne monte pas au pouvoir parce qu’il est gentil ou que ça fait plaisir. Seulement, au fur et à mesure de son ascension vers le pouvoir, il s’est inséré dans un jeu complexe de frictions, de puissances, de rapports de force. LIRE LA SUITE

Excentriques ?

« Mais revenons à nos excentriques. Ce ne sont pas des fous bien qu’ils émettent de tels paradoxes qu’on est en droit de se demander s’ils jouissent de leur bon sens. Car, enfin, l’homme raisonnable ne pense pas autrement que tout le monde n’est-ce pas ? Il se contente du petit train-train de la vie et ne cherche pas midi à quatorze heures. LIRE LA SUITE

Présent perpétuel

« Dans la vie-jeu des consommateurs postmodernes, les règles changent sans arrêt en cours de partie. La stratégie annoncée consiste donc à ne faire durer aucune partie – de sorte qu’un jeu de vie mené raisonnablement demande la division d’une même grande partie globale, dotée d’enjeux colossaux, en une série de parties brèves et étroites dotées de petits enjeux. Les principes directeurs de tout comportement rationnel deviennent : « Détermination à vivre un jour après l’autre » et « Décrire la vie quotidienne comme une succession d’urgences mineures ».

Ne faire durer aucune partie signifie se méfier des engagements à long terme. Refuser d’être « fixé » d’une manière ou d’une autre. Ne pas se faire ligoter à un endroit, quand bien même il est présentement agréable d’y faire une halte. Ne pas consacrer entièrement sa vie à une seule vocation. Ne jurer consistance et loyauté à rien ni personne. LIRE LA SUITE